Nouvelle offrande des Danois d'Evil Masquerade qui tentent avec ce "The Digital Crucifix" de concilier l'approche théâtrale des débuts et le heavy puissant des deux derniers albums. Pour ce faire, le vocaliste Appolo Papathanasio, connu pour ses nombreuses apparitions (Spiritual Beggars, Majestic, Firewind, ...), est remplacé par Tobias Jansson (Saffire, Treasure Land, ...). Seul changement de personnel pour cette fois, ce qui constitue un fait majeur vu les habitudes de Henrik Flyman de bouleverser son entourage de façon expéditive.
L'album s'ouvre sur un 'Like Voodoo' entraînant et réussi, qui s’inscrit dans une tradition metal néoclassique assez conventionnelle s'appuyant sur un gros son et des mélodies vocales et guitaristiques imparables. La voix de Jansson brille par son agressivité dans ce titre et quelques autres mais le chanteur affiche surtout une relative versatilité qui tente d'imprimer à chaque morceau une personnalité propre. Il navigue entre lourdeur et romantisme, entre testostérone et expressivité. Côté musique comme côté chant, 'The Nature is calling' est l'héritière du metal britannique des années 80 alors que 'The Extra Mile' est un savant mélange de rock théâtral et de metal façon Dio qui s’épanouit dans une effervescence à peu près maîtrisée. La ballade 'Anywhere The Wind Blows' semble inspirée par le Ritchie Blackmore de la grande époque. Le jeu de clavier d'Artur Meinild plonge d'ailleurs souvent l'auditeur dans une atmosphère seventies à grand renfort d'orgue hammond ('Lady Of The Night', 'Bad News').
Il n'est pas évident de définir un style pouvant caractériser Evil Masquerade. Henrik Flyman évolue du metal néoclassique ('Like Voodoo') au hard rock seventies ('The Lady Of The Night') en passant par les morceaux épiques ('Sign Of Time'), théâtraux (''The Extra Mile') ou encore heavy classique et gras ('Gasoline & Ice Cold Gin'). Ces tergiversations donnent un album varié et plutôt plaisant mais qui prend le risque de l'incohérence. Si le nouveau chanteur épouse parfaitement les intentions du guitariste, illustrant idéalement son propos, il est pourtant difficile de s'y retrouver. La légèreté et l'enthousiasme des premiers albums ne transparaîtront finalement que dans 'The Extra Mile' qui renouera avec ce coté déjanté malheureusement perdu depuis trop longtemps.
L'interprétation des différentes facettes de la musique des Danois est globalement réussie démontrant une belle aisance et une agréable variété mais "The Digital Crucifix" ne suffira certainement pas à marquer les esprits et à faire entrer Evil Masquerade dans le club des groupes incontournables.