Dans l'ombre de ses têtes de gondoles, Epica, Within Temptation ou Delain en tête, le Metal gothique à chanteuse continue de semer de jeunes formations qui n'ont parfois rien à envier à leurs aînés en terme d'inspiration sinon de professionnalisme et ce, malgré une exposition bien moindre que celle qu'a connu la génération précédente.
Si on pouvait craindre le pire de sa part, les groupes italiens officiant dans ce style, Lacuna Coil mis à part (si tant que ce dernier ait jamais vraiment été affilié à ce courant musical) n'étant pas toujours reconnus pour leur bon goût et leur qualité, Evenoire est une bonne surprise. Une très bonne surprise même. Ceux qui n'ont toujours pas pardonné à After Forever de s'être sabordé, seraient de fait plutôt bien inspirés de jeter plus qu'une oreille sur sa seconde offrande qui mérite franchement mieux que son titre.
Peut-être exagérée en cela que les Italiens ne comptent pas dans leur rang des musiciens de l'acabit de Mark Jansen ou Sander Gommans, la comparaison avec les Hollandais n'en est pas moins évidente. Le chant puissant d'Elisa Stefanoni n'y est d'ailleurs pas étranger. La belle se révèle incontestablement l'atout majeur de cette formation que la jeunesse ne vient à aucun moment encombrer, emportant tout dans son sillage, jamais vulgaire, toujours juste, à des années-lumière en cela de toutes ces Castafiores du dimanche dont le genre est pollué. Avec la même aisance que Floor Jansen, elle alterne envolées soprano et chant plus rock en une orgie auditive. Très vite, le charme de ses lignes vocales opère, envoûtant et séduisant.
Mais comme une (belle) voix ne suffit pas (plus), Evenoire mise sur une autre qualité pour faire la différence, se distinguer du tout venant, à savoir un certain talent de composition, écriture élégante qui réhausse cet album sans fausse note ni maladresse. Même les parcimonieux atours folkoriques ('When The Sun Sets') distillés par une flûte (assurée par la jeune femme) ne sont jamais ridicules.
Ce n'est pas là la moindre qualité des Italiens qui sans moyens excessifs accouchent d'une partition qui fait toujours mouche, collection de chansons qu'on serait bien en mal de critiquer, ses auteurs réussissant la gageure de nous faire oublier qu'ils n'inventent rien. Anachronique, la recette est connue mais cuisinée avec fraîcheur, quoique sans génie particulier, elle se déguste avec un plaisir sincère. 'Love Enslaves', 'Drop Of Amber', 'The Newborn Spring' ou 'The Lady Of The Game', pour ne citer quelques exemples émaillent "Herons" de leurs ensorceleuses mélodies.
Au final, nous obtenons un disque tout à fait sympathique car bien fait et sans prétention, doté de fortes accroches. Il est permis de considérer Evenoire comme une valeur montante d'un gothic metal à chanteuse qu'il parsème de chaleureuses touches folk.