"One For The Crow" est le dernier album de Flamborough Head à ce jour et il date déjà de trois ans. Si avant de poser le disque dans un lecteur on s'attarde sur le livret, on constatera un changement important puisque 2 des musiciens ont changé et pas les moindres. Siebe Rein Schaaf, claviers et chant, et Andre Cents le guitariste, ont quitté la formation après leur deuxième album ("Defining the legacy").
Une fois le disque lancé, très rapidement on constate les effets du changement de line-up. Les deux sortants étaient les créatifs et leur départ a laissé libre court à l'imagination des membres restants et des deux remplaçants. La musique a complètement quitté le créneau du néo-prog symphonique et si elle a gardé un coté symphonique, c'est dans un registre métissé de classique et de divers folks progressifs qu'elle s'exprime.
La première piste, qui porte le titre de l'album, vous met tout de suite au diapason en débutant sur une plage orchestrale à la 'Lohengrin' de Wagner que seule l'arrivée de la batterie viendra sortir de son classicisme romantique. Puis c'est le second choc : le chant est tenu par Margriet Boomsma, une femme donc. Et là commence la recherche de la bonne comparaison : Annie Haslam (Renaissance), Terry Hatching (Landmarq) ou Heather Finlay (Mostly Autumn) ? Tout simplement un mélange des trois.
A part 2 instrumentaux et le titre final, les compositions sont longues : de 10 à 13 minutes pour les 4 titres chantés. Ces durées permettent de longs développements et dans le cas de 'One for the crow' l'analogie avec Renaissance n'en est que plus criante. 'Old shoes', qui débute sur une flûte, 'orchestre' de cordes et grand piano, confirme le symphonisme du nouveau Flamborough Head. Les interventions de guitares se font oldfieldiennes quand ce n'est pas cameliennes. La musique de FH a gagné en finesse ce qu'elle a perdu en grandiloquence.
Il y a bien encore quelques passages qui fleurent bon le néo pur miel, mais ils ne sont que des mouvements dans un ensemble composé comme une pièce classique. La multiplicité des sonorités contribue à une richesse musicale très orchestrale.
Les courts instrumentaux sont très acoustiques (guitare, flûte), alors que le plus long (Daydreams) est un mélange de ballade camelienne et de folk tendance celtique à la Mostly Autumn.
Ce disque m'a déplu à la première écoute car je venais de passer de longues heures avec le Flamborough Head néo-progressif et le nouveau style du groupe est tellement loin de ce genre musical que je m'étais senti trahi. Passé le choc du changement, la richesse de 'One for the crow' s'est insinuée et s'est imposée en moi. Je ne peux faire qu'un constat, il y a deux Flamborough Head, celui de 'Unspoken ...' et 'Defining ...' et celui de 'One for the crow', et les deux sont passionnants.