Pour Anathema, désormais affublé du statut de patron du rock mélancolique et atmosphérique, la sortie d’un album est devenue un phénomène très attendu, débattu et inspecté. Le groupe revient donc sur le devant de la scène avec 'Distant Satellites’ et avec un line-up enfin stabilisé autour de Vincent Cavanagh (guitare, chant), Danny Cavanagh (chant, guitare, claviers), Jamie Cavanagh (basse), bien entendu la belle Lee Douglas (chant féminin) qui maintenant intègre complètement la troupe, Daniel Cardoso (claviers) et John Douglas (batterie).
Une nouvelle fois, la formation nous sert sur un plateau dix compositions de haute volée dont une suite magistrale intitulée "The Lost Song". Celle-ci prend la forme d'un morceau en trois parties et est basée sur une rythmique implacable servant de rampe de lancement idéale à des parties de piano de toute beauté et aux magnifiques voix entrelacées de Danny Cavanagh et de Lee Douglas. Le tout est simplement fantastique.
La musique du groupe s’écoule à la manière d’un long fleuve tranquille, en alternant toutefois accélérations et accalmies. Si les claviers de Daniel Cardoso interviennent toujours - comme les nombreuses séquences de cordes - avec beaucoup d’à propos notamment sur "Firelight", ou si la guitare de Vincent Cavanagh nous perfore de quelques riffs bien sentis ("The Lost Song - Part 1"), c’est encore une fois Danny Cavanagh et Lee Douglas et sa voix éthérée qui sont les étoiles filantes et montantes du disque. Nos deux complices transportent via leurs cordes vocales une palette d'émotions d’une beauté inénarrable ("The Lost Song - Part 2" et les vocalises magistrales de Lee Douglas) et une nostalgie obscure frissonnante.
Anathema nous enchante en revenant à une tonalité qu'il contrôle avec maestria sur le bout des cordes, cependant les 4 dernières offrandes de l'album sont plus surprenantes même si les anglais ont déjà un peu expérimenté ce genre d’attitudes (sur 'A Natural Disaster'), avec un virage électronique présentant de bonnes idées. Une boîte à rythme pointe le bout de son nez, avant qu'une guitare distordue ne s'insinue, le tout partant dans un final apocalyptique de 3 minutes (« You’re Not Alone ») suivi d’un court instrumental (« Firelight »), puis de façon plus mesurée, nous sert son morceau-titre, un véritable régal électro-atmosphérique.
Ainsi, le morceau "Anathema", avec son ambiance à couper au couteau et son long solo de guitare final, suffira à vous convaincre de l'exceptionnelle qualité de cet album et incitera à la réflexion : oui, il s'agit bien du combo qui a composé ‘Alternative 4’, qui a grandi et évolué, mais qui au fond reste toujours le même.
Depuis le somptueux 'We're Here Because We're Here' de 2010 et le non moins fabuleux ‘Wheather Systems’, le groupe fait du très bon mais ne démord guère de son style.
Alors oui Anathema fait du Anathema et alors ? C’est bien fait et toujours avec autant de justesse, de finesse et avec cette capacité à nous accrocher et nous tenir en haleine du début à la fin ! C’est au final ce que chacun cherche dans un album et même si le groupe essaye de varier son propos sur les derniers titres en incorporant à petite dose de la musique électronique, ce ne sera pas pour nous déplaire.