Saviez vous qu'Uriah Heep était à l'origine le nom d'un personnage de Dickens tiré du roman David Copperfield et caractérisé par son obséquiosité et son hypocrisie ? Non ? Eh bien c'est cadeau ne nous remerciez pas ! Tel un Magnum, Uriah Heep - le groupe - enquille depuis quelques années les albums avec une finesse et une classe à faire pâlir bien des jeunes formations ! Et là où bien d'autres combo de la même génération fatiguent et tournent en rond, venant salir leur propre légende, Uriah Heep tient la dragée haute !
Après un 'Into The Wild' plutôt bien accueilli en 2011, voici qu'arrive 'Outsider'. Avec sa basse ronde et véloce, un rythme carré comme un apéricube(TM) et ses claviers reconnaissables entre mille, 'Speed Of Sound' nous rappelle l'incroyable jeunesse du Heep et même s'il n'a pas la rapidité de son titre ni l'immédiateté d'un 'Nail On The Head', il ouvre l'album avec panache. Si vous cherchez matière à comparaison, ce serait plutôt 'Jessie' qui remporterait ici la timbale du Hit en puissance, garanti 0% téflon. Et tels les fins renards qu'ils sont devenus, la surprise est de mise dès le second titre car c'est telle une ballade que démarre 'One Minute', mid tempo au solo pour le moins original.
Ce qui frappe en ce début d'album, c'est l'évolution et la progression constante du groupe comme sur le solo de 'One Minute' ou dans la complexité rythmique de 'The Law' (au solo de guitare très métallique), rare chez Uriah Heep, et dont les passages rapides garnis de choeurs rappellent les grandes heures du groupe dans les 70's. Cette association entre tradition et modernité en fait l'un des meilleurs moments de l'album avec le solide 'Kiss The Rainbow'. A moindre effet pourrions nous citer également l'enlevé 'Can't Take That Away' dans l'association originale batterie/clavier.
Le groupe n'en oublie pas pour autant les formules classiques, surtout présentes en seconde partie d'album comme 'The Outsider' ou 'Looking At You' qui filent droits ou le lourd 'Is Anybody Gonna Help Me' à la Purple (ces longs passages d'hammond de Phil Lanzon) qui fidélise au fil des écoutes. "Outsider", qui aurait pu pousser plus loin la carte de l'innovation, se veut au final un album plus nerveux et rassemblé sur lequel la fougue de Mick Box éclate à chaque solo comme rarement dans la carrière du groupe. Pas toujours des plus inspirés (surtout dans la seconde partie de l'album), certains titres semblent dérouler un mode automatique mais une bonne moitié d'entre eux demandent plusieurs écoutes pour se révéler entièrement ('Kiss The Rainbow' encore).
Uriah Heep continue d'éclabousser de sa classe tout ce qu'il touche comme ce final 'Say Goodbye' au riff principal très proche d'un ...Rush et qui, comme à plusieurs reprise ici, mêle tradition et volonté de progression. Avec au final moins de maladresse que son prédécesseur qui passait parfois d'une ambiance à l'autre sans réel fil rouge, "Outsider" demeure une valeur sûre !