Que sommes-nous en droit d’attendre du vétéran allemand après son récent retour aux affaires qui l’a vu aligner deux disques de très bonne facture ? Pas facile de prendre parti à l’écoute de ce quatorzième album. Si l'on peut constater que ce "Blind Rage" parvient sans peine à reproduire le niveau de qualité de ses prédécesseurs, on aurait pu penser que le groupe allait se transcender pour nous surprendre et se positionner de nouveau en tant que Chef de file.
Las, le résultat reste terriblement convenu. Ce qui pouvait paraître comme une bonne surprise lors de la sortie de "Blood Of The Nations" et à la rigueur de "Stalingrad" commence à apparaître comme très prévisible et un peu fade. Certes, il est incontestable que le savoir-faire d’Accept est toujours bien présent, comme le démontrent des compositions bien structurées et interprétées sans faiblesse à l’image des efficaces 'Dying Breed', 'Trail Of Tears', et dans une moindre mesure 'Stampede' mais si l’on peut prendre un réel plaisir à écouter un tel album, il est bien difficile de s’extasier. Accept ne fait que proposer un Heavy Metal lourd et rugueux, lorgnant vers le Power Metal, mais sans y ajouter de touche personnelle. Les riffs sont carrés, les chœurs guerriers bien en place, les mélodies omniprésentes mais la sauce peine à convaincre, faute de se montrer un tantinet originale.
Il reste tout de même de belles parties de guitares et surtout un chant qui parvient parfois à nous hérisser le poil de la plus belle manière qui soit. Ce n’est pas toujours le cas, mais au détour d’un 'Fall Of The Empire' la voix rocailleuse de Mark Tornillo se fait trainante, mélancolique, et dote ce morceau d’une ambiance et d’une aura qui rayonne au sein de cet album.
Melting pot au sein duquel les influences de Manowar,AC/DC période Brian Johnson, ou bien Judas Priest se font très prégnantes, ce "Blind Rage" est un album honnête mais trop mécanique et trop conformiste. Il manque aux compositions ce petit supplément d’âme que l'on ne retrouve que rarement au travers de 'Fall Of The Empire' par exemple, un morceau qui voit le groupe se montrer plus fragile, plus humain. La note reflète de ce fait plus la déception née de l'absence de prise de risque que la qualité intrinsèque de cet album.