Honnêtement, quand vous êtes chroniqueur et grand amateur de musiques variées depuis de nombreuses années, il faut bien avouer qu’il est rare d’avoir un vrai coup de cœur. Alors quand cela se produit, vous souhaitez en parler, le crier à la terre entière ou à la blogosphère dans une moindre mesure. Eh bien, c’est l’effet qu’à eu le nouvel album de Florent Marchet sur votre serviteur. Bien sûr, j’avais (vaguement) entendu parler de ce chanteur mais je n’avais pas eu la curiosité ni la patience de m’approcher de son univers jusqu’à présent. Grave erreur, car « Bambi galaxy » (quel nom !) est une petite merveille pop conceptuelle, qui plus est, chantée dans la langue de Molière.
Croisement improbable entre Ayreon (pour le concept scientifico-futuriste), Alan Parsons Project (le côté pop) et Alain Souchon (le côté chanson française), l’album commence par « Alpha centauri », un morceau instrumental synthétique sur fond de chœurs inquiétants rappelant ceux de la scène des hommes préhistorique dans le film « 2001, l’Odyssée de l’Espace ». Le décor musical est planté, l’album sera traversé tout du long par une électro-pop percutante et addictive, parfois ancrée dans les 80’s (« Que font les Anges »), parfois plus contemporaine (« Heliopolis » qui peut rappeler les Strokes). Reste les textes des chansons qui empruntent souvent les thématiques de Michel Houellebecq (la société, ses dérives, à travers le prisme scientifique) mais renvoie aussi à la poésie surréaliste de Sébastien Tellier (« Space Opera », comme une ode décalée à la secte Raël : Oh Raël, mon amour, prends-moi dans tes bras, la vie ici n’est pas pour moi…). Et que dire du morceau éponyme « Bambi Galaxy »... Si vous aimez Souchon, son phrasé, ses mélodies vocales, cette chanson risque de vous toucher directement au cœur.
Arrive enfin « Apollo 21 » dans lequel le narrateur tient le journal de son voyage spatial, ses joies, ses peines avec sa famille (14 décembre 2049, le voyage durera toute une vie, voire deux, trois vies…) à destination d’Alpha Centauri, la boucle est (presque) bouclée. « Ma particule élémentaire » (ultime hommage à Houellebecq) déroule sa mélodie acoustique sur fond de texte allant de l’infiniment grand (Oh mon cosmos, ma galaxie…) à l’infiniment petit (Mes électrons, oh mes neutrons, protons et quarks à l’horizon…) terminant doucement et tranquillement cet album aussi surprenant que maîtrisé.
Vous pensez que la chanson pop française n’a pas assez d’ambition ? Avec cet album, Florent Marchet vient de nous prouver le contraire de manière éclatante. Merci pour le rêve Florent, si tu peux continuer sur cette voie et inspirer par la même occasion tes camarades de chansons, ce serait encore mieux.