Oestre est un groupe originaire de Limoges, des metalleux enragés et revanchards qui mélangent l'acier et le plomb. Après la production d'une poignée de démos puis de deux albums studios, ils nous offrent les ondes telluriques de leur troisième offrande : La Dernière Renaissance.

Il fut un temps où la musique hargneuse était l'apanage des anglo-saxons. Pourtant, si Mass Hysteria nous a prouvé que français et rage pouvaient cohabiter dans une fusion sensorielle, et que le métal pouvait être l'expression d'une identité purement française, Oestre conclut cette démonstration par l'absurde. En suivant les traces des Mass, le groupe dévoile un metal moderne, teinté de technologie(s) et de thèmes au contenu social voire plus introspectif.

Dans ce mélange, la guitare ultra-efficace est portée par une production colossale et claire comme de l'eau de roche. Les rythmes carrés épousent l'expression sonore de riffs certes évidents mais qui révèlent leur complexité au fil des écoutes. La batterie est au premier plan et s'impose comme l'épine dorsale des compositions ; elle est précise et soutient fermement les sentiments douloureux qu'exprime la voix éraillée... Cette dernière éructe des paroles puissantes, marquées par une certaine déception pour le genre humain. Secondée par des voix claires (notamment Mathieu Delcourt) elle profite alors de tous les timbres et les jeux d'expression pour dépeindre une noirceur enragée. Quant aux claviers, ils sont vivants tout au long des pistes, parfois comme simple habillage ou plus souvent comme un guide musical éclairé lors de leurs interventions solistes.

Les compositions sont puissantes et portées par un esprit punk qui transpire sur chacune des notes. L'album débute par une excellente entrée en matière, De l'Atome à la Lumière, une piste émouvante soutenant un thème engagé. Suivront quelques brûlots jouissifs s'enchaînant à une vitesse supra-luminique, parmi lesquels La Sculpture de Soi, Palbe (La Dernière Renaissance) ou encore Fragments Oniriques et son solo de guitare déjanté totalement dissonant.

Oestre propose avec La Dernière Renaissance un album punk des années 2010, un disque brûlant et charnel, un espace sonore de liberté. L'oeuvre est à recommander aux révoltés, amateurs de riffs aiguisés et de grooves imparables, ou simplement aux férus de sonorités modernes... Et même si l'album n'est pas une complète renaissance, il porte en son cœur palpitant la réincarnation des révoltes de certains de leurs illustres aînés.