C’est à la fin des années 2000 que le noyau rythmique formé de Vincent Verselle et Hervé Baumgartner, rescapé de l’expérience rock The Unexpected, est rejoint par le guitariste Antonin Wiser pour former le trio Talc. Le premier album éponyme des lausannois est totalement instrumental dans une formule dominée par la guitare mais sans totalement basculer dans ce qu’il est coutume d’appeler un album de guitar-hero.
Le premier contact avec "Talc" est déstabilisant et peu à peu le tropisme du chroniqueur à tout classer, référencer ou répertorier vire à l’obsession. Rien de connu n’arrive à totalement circonscrire l’univers des suisses, ce qui est un point positif. Talc est géniteur d’une fusion de jazz, pop et rock avec l’inclusion régulière d’un liant psychédélique. Il faudrait aller chercher ici ou là chez Eric Johnson (‘Machado’), Frank Gambale, Pierrejean Gaucher et son "Melody Makers" les références qui donnent quelques idées sur l’approche guitaristique d’Antonin Wiser. L’association des trois fortes personnalités de Talc produit une musique proche du trio Bozzio Levin Stevens, en moins progressive et d’Attention Deficit, en moins expérimentale, c’est dire le côté indéterminé de cet ovni.
"Talc" est un album jamais ennuyeux car varié (‘Play/Pause’) et jamais stérile car souvent dirigé vers le propos mélodique (les démonstrations de pure technique sont rares). La seule réserve que l’on peut raisonnablement émettre concerne la production qui montre ses limites quand Talc joue sur les reliefs ou en venant grever une puissance qui ne demande qu’à s’exprimer (‘Parabellum’). La grande maitrise des musiciens (‘Trampoline’) autant technique qu’appliquée aux textures, sons et ambiances (‘Morgen’) fait osciller la musique de Talc d’un jazz que l’on qualifierait de pop quand il est léger et calme (‘Machado’, ‘Kill Agent Ryan’ ou le début de ‘Over The Sea’) à un rock instrumental nerveux mais jamais volcanique (‘Back To Saskatchewan’ et ‘Poison Heavy’).
De l’écoute de cet album on ressort convaincu mais un je-ne-sais-quoi empêche d’être totalement conquis. Sans doute y a-t-il à voir avec le sentiment que Talc n’a pas tout montré dans ce disque. La preuve en est avec ce ‘Trampoline’ dionysiaque qui ose tout, alliant groove, funk et psychédélique avec une audace pleine de réussite. Seuls ces quelques considérations et le manque de dynamisme de la production privent ce disque d’une franche et méritée recommandation.