Ce nouvel album, composé et enregistré avec sa mère, présente en effet 10 chansons aux accents très Folk. Une orientation qui n’est pas si surprenante si l’on considère qu’Ellen Harper, musicienne elle-même, dirige un magasin d’instruments de musique intitulé le Folk Music Center. Le parti pris « tout acoustique » dote l’ensemble d'une ambiance apaisée, et donne presque dans la frugalité sonore. Il faut dire que le duo vocal ne s’accompagne principalement que d’une guitare, ou d’instruments  assimilés de type banjo, steel guitar, guitare hawaïenne…  Certes, parfois une basse, un piano et de timides percussions se joignent à l’ensemble, mais ils se montrent si légers et lointains qu’ils ne déposent qu’une empreinte fantomatique sur les voix des Harper.

Le résultat est un disque de Folk music à la simplicité envoutante mais qui clairement ne brille pas par son originalité. Nous sommes en effet constamment en terrain connu, la musique balançant en permanence entre les univers de Bob Dylan, Neil Young, Woodie Guthrie et Pete Seeger. Enfin, pour être plus exact, entre les facettes les plus paisibles de ces artistes. Il est en effet difficile d'y trouver le moindre petit accès de fébrilité, la moindre montée d’adrénaline. Toutes les chansons se suivent en trainant ce même sentiment de nostalgie, de tristesse et de dolence. Dans ces conditions, il est parfois peu aisé de différencier certains titres ('Heavyhearted World', 'City Of Dreams' ou 'Altar Of Love') tant ceux-ci, à l’image de l’album, sont construits sur les mêmes bases : une musique minimaliste, des voix nonchalantes et surtout, des paroles mélancoliques centrées sur l’enfance, la douceur ou la rudesse du foyer familial et le passé. Cet égocentrisme, très américain, pourra d’ailleurs se révéler un peu pénible à la longue. Dans ce cadre, il n’y a guère que 'Learn It All Again Tomorrow' et 'A House Is A Home', qui se démarquent légèrement du reste de l’album en termes de musique, le premier en se rapprochant de l’univers “habituel” de Ben Harper, le second en adoptant un ton un tout petit plus « enjoué » et un rythme moins lymphatique.