Cinq années se sont déjà écoulées depuis "Melody In Captivity", le premier album instrumental du guitariste d’origine suisse Brian Maillard. Pour son nouvel album solo "Reincarnation", la fine lame s’est entre autres adjoint les services de l’impressionnante section rythmique de The Aristocrats, autrement dit deux musiciens réputés pour donner une valeur ajoutée non négligeable à un travail instrumental. A bien considérer la production guitaristique rarement excitante qui a pu s’exprimer dans l’intervalle le retour de Brian Maillard est une nouvelle qui a de quoi réjouir.
Les qualités mélodiques et créatives de Brian Maillard, déjà présentes dans "Melody In Captivity", s’incarnent dans un véritable métal progressif instrumental et épique synthétisé dans des morceaux relativement courts (‘Theory Of Relativity’) bien plus que dans un rock instrumental de type satchien. Dans ce genre musical très riche rythmiquement la combinaison Minnemann-Beller est un apport indéniable qui honore l’intégralité du travail de Maillard (‘The Pentagon’). Les dix titres de cet album sont tous d’un grand intérêt et jamais ennuyeux grâce au travail minutieux de Maillard sur les textures, les grains et les harmonies. Les arrangements de clavier ou piano (‘Evergreen’) installent l’ambiance idoine sans alourdir le disque, par ailleurs parfaitement produit.
Brian Maillard est assurément parmi les plus brillants guitaristes actuels, avec entre autres Shant Hagopian de Semantic Saturation, en ce qui concerne le métal progressif instrumental. Difficile de ne pas penser à Dream Theater et spécifiquement au lyrisme de John Petrucci (‘The Irish Times’, ‘Cornivorous Turtle’) que Brain Maillard transcende d’une touche de Steve Vai (‘The Pentagon’ ou ‘Another Life’) et de beaucoup de sa propre personnalité. La vélocité dont il fait preuve semble sans limite tant la variété et la polyvalence de son jeu irrigue ce disque (‘Theory Of Relativity’). Le toucher du suisse trouve son expression la plus nette dans les moments ou l’exécution technique n’est pas asphyxiante (‘Reincarnation’) et plus particulièrement dans la reprise très originale et bouleversante de ‘Hallelujah’.
Avec "Reincarnation" Brian Maillard marque d’ores et déjà l’année de son empreinte. Tout ce qu’on peut raisonnablement désirer d’un album de guitare se trouve condensé dans ce disque imparable : percussion, dynamisme, variété, technique, richesse mélodique et, ce qui est de plus en plus rare chez les guitaristes, l’émotion. Le retour de Brian Maillard est une bouffée d’oxygène dans un style qui apparait trop souvent comme sclérosé et autolâtre.