Groupe totalement inconnu dans nos contrées, Chameleon est en fait un quintet originaire de Houston ayant sévi dans les années 70 et dont les traces discographiques s'avèrent aussi rares que l'eau dans le Sahara. Quarante années plus tard, Rising vient combler ce vide intersidéral en proposant aux archéologues du rock progressif une collection de 13 titres originaux restés pour la plupart à l'état de démo.
Malgré une pochette aux atours psychédéliques, la musique proposée par Chameleon se révèle bien plus terre à terre, et va entraîner l'auditeur dans un véritable revival du rock progressif de la première moitié des seventies. Dès l'entame, les 9 minutes de Texas Cyclone convient Genesis à la table des festivités, les sonorités de clavier semblant tout droit sorties des doigts de Tony Banks, de même que les caresses guitaristiques pleines de réverb rappellent le Steve Hackett des grandes heures du groupe. Ajoutez-y une grosse dose de dextérité, et la transition est toute trouvée pour enchaîner avec le très yessien Paradise Lost.
Après cette magnifique entrée en matière, la suite baisse quelque peu, abandonnant ces deux références prestigieuses tout en raccourcissant les plages, pour naviguer entre jazz rock (In the Heart), ballades tranquilles à la limite du lénifiant (Pilot Thoughts) et titres plus rock avec des parties techniques furieuses mais délaissant hélas l'aspect mélodique (Everyday Everyway). Jams plus ou moins improvisés pouvant sans doute passer la rampe en live, mais sur une galette, on attend en général des choses un peu plus construites.
On retrouvera bien quelques échos qui évoqueront Eloy … mais celui du premier album, ce qui pour ma part n'est pas forcément une référence qualitative. De même, les sonorités vraiment datées des instruments et leur manque de variété installent au fur et à mesure des 77 longues minutes de l'album une relative lassitude, qui est toutefois contrebalancée par Life Positions, dont les neuf minutes permettent au groupe de varier les plaisirs et les thèmes, mêlant de nouveau les références aux glorieux aînés (Yes, Genesis, Eloy), et faisant la part belle à des passages instrumentaux apaisés amenant une conclusion toute en douceur.
Trésor archéologique pour certain, simple évocation du passé pour d'autres, Rising présente les défauts de ses qualités (ou vice versa) : occasion unique de découvrir un groupe n'ayant laissé que peu de trace enregistrée, mais musique datée et quelque peu répétitive pour véritablement passionner l'amateur de progressif moderne, bien servi depuis maintenant 30 ans par une diversité incroyable dont cet album s'avère bien trop réducteur.