Avec "Elinoire" Flaming Row a posé les bases de son métal progressif symphonique qui appelle des références aussi prestigieuses qu’Ayreon, Shadow Gallery ou Explorers Club. La réussite de ce premier album a encouragé Martin Schnella à reconduire le noyau de trois musiciens qui l’entourent pour une nouvelle aventure encore plus ambitieuse. "Mirage-A Portrayal Of Figures" est le premier volet de ce qui deviendra une trilogie placée sous la direction d’un concept apocalyptique très porteur (l’industrie hollywoodienne en fait régulièrement des films) mélangeant pulsion de mort de l’humanité, invasion extra-terrestre et sursaut par l’incarnation providentielle. Le florilège d’invités qui prend part à l'entreprise est largement différente de celle de "Elinoire" et les grands noms ayant répondu présents ne manquent pas.
"Mirage" trouve de nombreux points de convergence avec le travail d’Arjen Lucassen (‘Burning Sky’) et leurs similarités sont connues mais Flaming Row n’en est pour autant un Ayreon-bis. Le rock progressif de l’allemand se démarque par un supplément d’authenticité et d’âme (les premières minutes de pure émotion de 'In Appearance-A Portrayal Of Figures Part2') qui passe notamment par l’économie d’une certaine épaisseur dont Arjen Lucassen est familier à travers les nombreuses couches de claviers, les bruitages et les effets synthétiques. En cela il est aidé par les options pop-rock folkloriques anglo-saxonnes très présentes dans "Mirage" (le début de ‘A Portrayal Of Figures Part1’ ou la cornemuse de Jens Kommnick dans ‘Aim L45’) et les inflexions jazz (‘Mirage-A Portrayal Of Figures Part1’) ou funky (‘Alcatraz’ et le début du définitif ‘Journey to The Afterlife’) qui viennent émousser le tranchant des riffs incandescents (‘Memento Mori’).
Avec trois epics (sur huit morceaux) qui structurent l’album Flaming Row a opté pour un découpage plus en adéquation avec la cohérence qu’une telle œuvre nécessite. Cela n’implique aucune concession sur la richesse et la variété qui ont pu être représentées dans "Elinoire". "Mirage" demeure une œuvre progressive dans toute sa splendeur, sachant passer de la frénésie instrumentale au calme symphonique et des joutes vocales aux grandes envolées des personnages. Ce nouvel album, qui donne encore plus de densité aux personnages et à l’incarnation de l’histoire, a franchit un cap dans la maîtrise et la restitution par Flaming Row de la complexité. Qu’elle soit instrumentale dans la jubilation technique et virtuose ou vocale dans la finesse et l’intelligence des harmonies et des interprétations "Mirage" est une quintessence impressionnante.
Les trois années qui séparent "Elinoire" de "Mirage" sont palpables à travers la maturité qui œuvre à garder le cap en évitant le piège de la dispersion. Cela facilite l’immersion tout en promettant des nombreuses écoutes à chaque fois étonnantes. Avec ce deuxième album fort recommandable Flaming Row se positionne comme une alternative très sérieuse aux maîtres du genre.