Groupe jusqu'alors passé inaperçu sous le radar de MusicWaves malgré la publication de deux albums en 2008 et 2010, Major Parkinson nous envoie sa nouvelle production depuis Bergen en Norvège. Encore une production scandinave glacée et glaciale, aux contours sombres inspirée par le rock progressif des années 70 me direz-vous ? Eh bien détrompez-vous chers lecteurs, un premier passage sur le site (minimaliste) du groupe et des photos de son unique page vous permettra de prendre la température de cette formation assurément pas comme les autres.
La musique qui émane du sextet s'avère tout bonnement inclassable, donnant peut-être ainsi au mot progressif tout son sens. Mélange improbable de musique de cirque valsant au son de l'accordéon (Skeleton Sangria), de rock symphonique puissant évoquant Crippled Black Phoenix (Impermanence), ou encore d'un mix de Genesis et de musique andalouse (Wheelbarrow), les huit pièces proposées sur Twilight Cinema nous emmènent dans un tourbillon enjôleur, conviant des vocaux tantôt enjoués, tantôt d'une noirceur flirtant avec le black métal ! Difficile d'être exhaustif dans la description des différents styles présents sur des pièces pourtant courtes : le meilleur exemple de ce mélange des genres se trouve peut-être dans le titre Heart Machine, dans lequel on trouvera du néo-prog, un peu d'expérimental, des ambiances symphoniques proposées par les claviers, un peu d'indus, et toujours ces vocaux inquiétants !
A la description de ce joyeux fourre-tout, l'on pourrait penser que les 40 minutes de l'album tirent dans tous les sens. Bien au contraire, telle une musique de film tenant l'auditeur en haleine, l'ensemble s'enchaîne de façon très cohérente, titillant la curiosité et distillant au final une dose de bonne humeur enthousiasmante. C'est d'ailleurs du côté du cinéma que l'on pourrait oser la comparaison avec l'univers d'un Tim Burton ou plus proche de nous celui d'un Jean-Pierre Jeunet.
Alors certes, les vocaux trafiqués peuvent finir par quelque peu lasser, mais Jon Ivar Kollbotn trouve la parade en conviant une interprète féminine à en assurer régulièrement le contre point. Et puis l'ensemble étant interprété de façon remarquable, notamment au niveau des claviers générant une palette de sonorités très variée, ce léger contretemps ne remet en rien en cause la qualité globale de cette galette.
Amateur de nouveauté, dans le sens premier du terme, curieux en tous genres, précipitez-vous sur cet album improbable, garant d'un voyage inattendu. Pour ceux qui considèrent que le progressif ne peut s'exprimer que par le Mellotron, il est encore temps de réviser votre jugement !