Cinq années se sont écoulées depuis la parution de “I & II”, premier album du groupe français Rosa Luxemburg. “III & IV”, plus originalement sous-titré “Seuls & Ensemble”, reprend à peu près les mêmes recettes avec un son plutôt vintage et une philosophie résolument progressive alternant les ambiances.
A contre-courant de bien des productions, Rosa Luxemburg évite toute frime : pas de sons délirants, pas de grosse rythmique appuyée, pas de délires vocaux. N’était-ce la qualité du résultat, on pourrait penser que “Seuls & ensemble” est un album fait avec de “petits” moyens. Seulement voilà : ces moyens sont très exactement utilisés, avec une efficacité et une sensibilité qui font plaisir à entendre. Les mélodies vocales sont souvent très attachantes (magnifique thème de ‘Je ne Suis Plus Seul’), et les chœurs font merveille (‘Ils se Tiennent la Main’). Le groupe ne dédaigne pas de commencer par une entame plus rock (‘Raptus’) ou pop (‘Marche’) pour dériver sur des voies plus progressives et sait se faire plus tranchant (‘Babylone’), voire épique (‘Les Pilleurs’), histoire de varier les plaisirs .
En multipliant les détails d’arrangements - la basse mélodique, les ornements à la batterie, les claps, les finesses de claviers, le côté légèrement symphonique à la ‘Atom Heart Mother’ dans l’entame des ‘Pilleurs’ -, Rosa Luxemburg a conçu un album extrêmement attachant - mais court, à peine moins de 45 minutes ; il y a du Nemo dans bien des transitions et dans la façon d’amener les soli de guitare, il y a une certaine poésie dans les textes, il y a finalement de l’originalité dans cet album qui aurait pu paraître daté dans la forme, et qui réussit presque le sans-faute - seules les vocalises féminines sur ‘Les Pilleurs’ restent trop surjouées.
Avec cette deuxième parution, Rosa Luxemburg se fait définitivement une place dans un progressif français qui s’enrichit de plus en plus : amateurs, à vos écouteurs !