Encore relativement peu connu du grand public, Justin Wright est pourtant l'auteur d'une oeuvre pléthorique, à la fois producteur via son passionnant label Sonic Meditation et surtout guitariste et fondateur d'Expo '70, d'abord projet solitaire avant de devenir récemment un vrai groupe mais dont il demeure néanmoins l'unique et incontestable maître des lieux.
Au confluent du Rock psyché, du Space rock allemand, de l'Ambient et du Drone, l'homme crée une musique instrumentale aussi pulsative qu'hypnotique où la six-cordes règne en déesse de feu. Organique et expérimental, l'art d'Expo '70, également orthographié Seventy" a des allures de rampes de lancement pour d'interminables happenings sonores. De fait, si sa discographie compte de nombreux albums studio, parfois même différents les uns des autres - il suffit de comparer "Journey Through Astral Projection" et "Filer à l'anglaise" par exemple pour le constater -, l'Américain multiplie les enregistrements live, cadre pour lequel son inspiration est naturellement taillée, y trouvant tout l'espace pour se déployer avec une puissante démesure. "Closet Full Of Candles" fait partie de ceux-ci.
Capturé en 2012, il dévoile deux des (multiples) visages de Justin Wright, accompagné sur scène par le batteur Mike Vera et le bassiste Aaron Osborne, avec lequel il partage également les synthétiseurs, électrique et planant d'un côté, franchement abstrait, presque méditatif de l'autre, chacune de ses facettes étant incarnée par une des deux faces de l'objet uniquement publié sous format cassette.
Le voyage s'ouvre avec l'éponyme 'Closet Full Of Candles', pulsation où s'exprime la guitare rugueuse et heavy du musicien. Le son est dépouillé, habillant l'instrument d'une croûte épaisse. Peu à peu le titre est avalé par un brouillard d'effets, nappes aux confins de la transe d'où émerge progressivement percussions et effluves drone annonçant dans un superbe fondu enchaîné, la seconde piste, 'Electrifying Energy At The Gate Of Life', envolée trippante d'un psychédélisme plus dur et lourd que cotonneux. Long de plus de 23 minutes, ce véritable diptyque pourrait en réalité ne jamais se terminer tant le groupe parait en apesanteur, tricotant une myriade de sons infinis qui touche à l'Absolu.
S'étirant sur près d'une demi heure, 'Hypnogogic Vibrational Meditation' convoque quant à lui les expérimentations les plus barrées du Tangerine Dream première période, celle, aride et hermétique, de "Zeit" ou "Alpha Centauri". On baigne là dans un trip halluciné plus proche de la musique concrète et minimaliste que du rock progressif, tapi sonore bourdonnant qui grouille de bruitages désincarnés et d'effets saturés au bord du chaos. Si l'ennui pointe par moment, reconnaissons à Justin Wright un talent certain pour matérialiser des ambiances spatiales froides et désincarnées en un trou noir assourdissant qui devrait saper la patience de la majorité d'entre vous, d'autant que rien ne vient jamais rompre la monotonie quasi immobile de cette interminable dérive dans l'espace...
Malgré l'aridité d'une bonne moitié de son menu, on ne saurait trop conseiller "Closet Full Of Candles" à ceux qui souhaite découvrir Expo '70 et que n'effraient ni l'expérimentation ni la facette la plus noire et lugubre du psychédélisme.