Le stoner, on aime bien. On adore même très souvent. Mais reconnaissons que cette étiquette n'est plus qu'une manière de vendre ce qu'autrefois on appelait tout simplement du Rock. Avec un grand R, s'il vous plait. Ca tombe bien puisque que Kyng en fait justement, du Rock. Et du (plutôt) bon, terme qui convient finalement mieux à ce trio californien lequel, s'il n'est certes jamais avare en riffs bien gras, louche aussi vers d'autres cieux moins lourds, plus "mainstream".
Ce faisant, il nous rappelle que le Stoner US, celui des Kyuss et autre Crowbar tire notamment ses origines du Grunge avec lequel les passerelles sont plus nombreuses qu'on ne le croit, comme le prouve le parcours d'un Dave Grohl, passant de Nirvana à The Queens Of The Stone Age. Ainsi, le chant puissant et fragile un peu voilé du guitariste Eddie Veliz ne trompe pas, plus proche de la fébrilité du Grunge que de la voix de canard enrhumé adoptée par tous les clones d'Ozzy Osbourne.
"Burn The Serum" est la deuxième galette des Américains, découverts il y a déjà bientôt trois ans avec le séminal "Trampled Sun". Couillu et chaleureux, cet album a de quoi moissonner un large public. L'amateur de grattes plombées ('The Ode') comme l'amoureux de mélodies féroces ('Burn The Serum') ou plus envoûtantes ('In The Land Of Puigs'), y trouveront de quoi picorer, séduits par ces lignes vocales souvent énergiques ('Lost One'), belles toujours ('Self Medicated Man').
Kyng n'évite pour autant pas certains écueils qui viennent malheureusement quelque peu nuancer l'enthousiasme déclenché par une première moitié des plus agréables. Se sentir obligé de placer une ballade ('Paper Heart Rose'), quelconque de surcroit et au feeling vaguement zeppelinien, est l'un d'entre eux, trahissant une forme de mièvrerie avec laquelle le groupe flirte parfois. La banalité de certains titres, tels que 'Big Ugly Me' (malgré le bon solo et ces claviers antédiluviens qui le traversent) ou "Sunday Smile', animant d'ailleurs tous les deux une dernière ligne droite sans envergure, complète un passif qui heureusement ne l'emporte pas sur un actif solide et sympathique bien que dénué de personnalité.
Auteur de bonnes chansons et pouvant compter sur son remarquable chanteur, Kyng devra affirmer une identité encore en gestation s'il veut totalement convaincre. En l'état, "Burn The Serum" se révèle être un bon de disque de Rock dont on peut cependant douter qu'il accroche longtemps la mémoire...