Rappelez vous que Night Ranger a sorti son premier album en 1982. "Dawn Patrol" - et son tube 'Sing Me Away' - est donc bien loin et trente deux ans le sépare de ce "High Road" cuvée 2014, onzième du nom. Les californiens n'ont pas eu en Europe le succès qui est encore aujourd'hui le leur chez l'oncle Sam et au pays du soleil levant, preuve en est le peu de concerts que le groupe y a donnés. Il est bien regrettable que le vieux continent ne se soit pas intéressé plus que ça à ce fort bon combo de Hard FM doté de deux guitaristes remarquables – qui se la jouent twin guitars – les dénommés Brad Gillis et Joel Hoekstra.
"High Road" est une bonne cuvée des américains. Cependant, comme le bon vin, il est nécessaire de le déguster en étant attentif à ses qualités gustatives. Ainsi, il est probable que vous ne tombiez pas en pâmoison à la première écoute, mais si vous savez être persévérant, vous en apprécierez les divers arômes proposés. Vous prendrez ainsi plaisir à retrouver leur verve mélodique festivement californienne avec le titre éponyme d'ouverture, le musclé et fort enlevé 'X Generation' et le Cheap Trickien 'St. Bartholomew'. Vous apprécierez également leur côté Rock'N'Roll avec les plus rugueux 'Knock Knock Never Stop' et 'Rollin’ On' qui vous ramèneront à Aerosmith, ce qui ne surprendra pas ceux qui savent que Jack Blades, le frontman, a composé pour la bande de Tyler.
Puisque vous éprouverez le besoin de lever le pied vous vous laisserez bercer par 'Don't Live Here Anymore' - ballade entre la western-song et 'Stairway To Heaven' dotée d'un solo de claviers digne des 70’s et de deux magnifiques soli de guitare - et l'émouvant 'Only for You Only' où l'ombre de Styx vient nous faire un clin d'œil sur les couplets. Cerise sur le gâteau, et ce même pour ceux qui ne courent pas après cet exercice, nous trouvons sur cet opus, avec 'L.A. No Name', un instrumental carrément prenant où les compères à la six-cordes font montre de dextérité et de sensibilité.
Trente deux ans d'exercice et pas une ride, voilà bien en vérité la bannière qui pourrait flotter au-dessus de cet album varié, entraînant et techniquement irréprochable. Les aficionados remercieront une fois de plus les ricains, quant aux non-initiés, ils feraient bien de saisir l'occasion pour s'intéresser à la question. Mieux vaut (très) tard que jamais...