Quand bien même ceux-ci dépassent la demi heure et qu'ils sont annoncés par leurs géniteurs comme très différents les uns des autres, on peut toutefois s'interroger sur l'intérêt pour Phil Anselmo et sa bande de s'être lancé depuis 2012 dans la publication d'une série d'EP si ce n'est le moyen de ramasser du fric à moindre à frais.
Il est vrai aussi que Down a toujours été un peu à part, connaissant une trajectoire tortueuse où de longues phases de silence séparent des albums aux allures de Saint Graal, tout d'abord side-project de musiciens issus de Pantera, Crowbar et Corrosion Of Conformity, devenu par la suite un groupe à part entière à l'aura culte bien que "NOLA", son premier rot en 1995, n'a jamais vraiment été égalé.
Toujours respecté, il n'en demeure donc pas moins que Down affole moins l'érectomètre désormais. L'effet de surprise s'est envolé et avec lui une certaine forme de magie, (relatif) déclin illustré à la fois par "Down IV - Part I", premier EP de cette série qui en déçut plus d'un et par le départ du mythique guitariste Kirk Windstein (Crowbar).
Contre toute attente, ce second volet rassure, s'imposant même comme ce que les Américains ont vidangé de plus convaincant depuis des lustres. Mais, il existe en fait deux manières de l'aborder, l'une négative, l'autre, positive, selon le rapport que vous entretenez avec le groupe. Vous estimez - à raison - que Down, c'était mieux avant, alors cette cuvée 2014 a peu de chance de vous séduire plus que cela, agacé par ces riffs déjà entendus mille fois auparavant ('Steeple') et par des ficelles grosses comme des câbles à haute tension ('Hogshead/Dogshead').
Il est aussi permis de prendre cette rondelle pour ce qu'elle est, un robuste bloc de plomb, trempé dans le mazout, saluant le retour des fondamentaux, ces racines sabbathiennes qui font plus qu'affleurer à la surface du gigantesque 'Conjure', enclume de plus de 8 minutes d'une lourdeur capable de faire trembler les murs et qu'on croirait exhumée d'un "Master Of Reality" avec un Anselmo plus Ozzy que jamais.
Dommage que tout le menu ne soit pas de cet acabit ni de ce niveau. Celui-ci est, il est vrai, inégal, agglomérant des titres bateaux bien qu'efficaces (les premiers) et d'autres plus surprenants (les derniers) dont ce 'Bacchanalia' au final acoustique de toute beauté. Reste que, en dépit d'une qualité incontestable, on attend mieux d'une telle équipe de musiciens que ce Stoner à la sauce sudiste sans grande originalité bien qu'ultra pesant.