Alors que nous avions salué la discographie ambitieuse d’Empyr et espérions voir la confirmation du talent de ce all-star band à la française avec un troisième album, contre toutes attentes, 2014 marque la reformation de Kyo qui nous propose son quatrième effort initialement prévu pour 2008. La question qui se pose ici est de savoir si le groupe aura su mettre à profit les cinq années d’expérience solo de ses membres afin d’éventuellement gommer les éternels reproches qui lui collent à la peau et montrer un visage mature et tourné vers l’horizon comme semble l’indiquer la pochette de cet album ?
Comme pour effacer ces démons, ce nouvel album débute avec des 'Poupées Russes', véritable titre cathartique dans lequel le groupe fait le bilan d’un troisième album "300 Lésions" -sorti en 2004- qui aura presque eu raison de lui. 10 ans pendant lesquels le groupe s’est doucement mais sûrement reconstruit comme en témoigne 'Le Graal' qui reprend les recettes des succès passés avec une pointe d’électro ce qui n’est pas une surprise pour ceux qui ont écouté l’évolution de certains membres notamment au sein d’Empyr.
Par la suite, le titre éponyme enchaîne dans une veine typiquement Kyo qui ne manquera pas de ravir les fans de la première heure ayant porté aux nues les tenants d’une pop rock mélodieuse et sombre tournant autour de la thématique récurrente des sentiments amoureux.
Au fur et à mesure de l’écoute, constat est fait que cet équilibre est emprunt d’énormément de références, les plus marquantes étant ancrées au cœur des eighties à la faveur de synthés analogiques qui ont connu leur heure de gloire à cette époque et qui reviennent aux goûts du jour ('Nuits Blanches', 'XY'…). En clair, Kyo reprend à sa sauce diverses influences musicales.
De la même façon, l’intro acoustique de 'Madone' pourra avoir des faux-airs de Metallica ou System of a Down et le thème toujours acoustique de 'La Route' pourra évoquer Kansas et son sublime 'Dust In the Wind'. A cet égard, clin d’œil volontaire ou non, le titre de ce dernier morceau ne manquera pas de rappeler 'Le Chemin' ; 11 ans plus tard, le groupe voit plus grand et traverse désormais 'La Route'. Mais qu’importe les mauvaises langues, ce quatrième album contient son lot de bonnes surprises comme le thème lourd de 'Récidiviste' ou celui hypnotiquement envoûtant de 'White Trash'.
En conclusion, 10 ans ont passé mais le groupe ne laisse toujours pas indifférent et propose un quatrième album qui n’équilibre pas le rapport de force entre détracteurs toujours aussi virulents et fans transis. Music Waves comme à l’accoutumé opte pour le chemin de la froide objectivité en avouant que pour son retour, Kyo arrive à ses fins en proposant un album contenant son lot de tubes imparables ('Le Graal') mais ne renouvelle pas le genre et surtout n’évite pas de retomber dans ses travers au gré de thèmes candides ('On se tourne autour') que certains ne manqueront pas de stigmatiser… C'est tout le paradoxe d'un groupe qui prouve que 10 ans après, finalement rien n’a vraiment changé !