Il fut un temps où nous avions assisté à l'éclosion d'une entité extra-musicale, à la fusion de timbres antagonistes de laquelle naquit Arkan. C'était le temps de la collision entre des sonorités orientales et une musique death metal lourde comme le plomb et sombre comme l'enfer, le temps pour exposer des racines musicales variées. Le groupe a ensuite évolué au fil des mutations et des changements de personnel...
Sofia nous invite à nous perdre dans un paysage aride et coloré aux odeurs épicées.
La première rencontre avec cette œuvre se fait par une pochette à la fois sombre et romantique. Vient alors une musique à tiroirs dans laquelle on retrouve ce qui a fait la renommée des parisiens : des mélodies élaborées, des riffs complexes, des tempi écrasés et des touches exotiques apportées par l'utilisation d'instruments orientaux (le Oud notamment). Toutefois le propos semble s'être émoussé, la violence apparait plus contenue et le discours plus lisse.
Bien entendu, une guitare pleine de saturation mène cette danse sous un soleil de plomb. Le riffs sont puissants, les rythmes variés. En solitaire, l'instrument délivre des phrases techniques qui s'insèrent à merveille dans le flot du discours musical. La batterie est propre et nette, dévoilant un travail d'architecte musical et de constructeur d'ambiances sans toutefois utiliser les trépidations animales du death metal que les aficionados adorent. Les touches orientales sont multiples et habillent les compositions d'un linceul de classe et de fraicheur. Quant à la voix... aux voix plutôt, elle sont l’œuvre de Sarah Layssac et Florent Jannier qui forment un duo vocal symbiotique, entre ombre et lumière même si le côté lumineux s'impose par rapport à la face sombre. Les vocaux féminins sont beaux et séduisants alors que les vocaux masculins sont profonds et agressifs.
L'album compte un bon nombre de pistes puissantes qui portent des mélodies enchanteresses comme sur les magnifiques March of Sorrow et My Reverence ou encore sur les enchaînements magiques entre Cold Night's Dream et Dark Epilogue. La preuve s'il en fallait, que le groupe a toujours un sens inné de la composition, des climats et du climax comme disent certains. Le côté progressif est prépondérant, la formation naviguant dorénavant dans des paysages plus metal progressif que purement death.
Certains incorrigibles râleurs pourront reprocher à Arkan le choix d'une certaine facilité et l'abandon de l'empreinte mortifère de leurs débuts... C'est vrai, Arkan fait moins de death et s'oriente vers un metal plus universel, mais quoi qu'il fasse, il le fera toujours beaucoup mieux que la cohorte de suiveurs qui ont tendance à parodier ces styles.