Mais jusqu’où les italiens de Destrage vont-ils aller ? A l’issu du renversant "The King is Fat’n’Old" qui les aura notamment vu tourner avec Sick Of It All, Caliban, Hatebreed, Lordi, Moonspell, Freak Kitchen (toujours) et surtout Red Hot Chili Peppers,et désormais signés par Metal Blade Records, les transalpins reviennent avec un nouvel opus au titre évocateur et la ferme intention de propager leur musique schizophrénique et contagieuse à plus grande échelle…
Même si Ettore Rigotti a laissé les manettes à Will Putney connu pour ses collaborations avec des groupes de la scène djent, ce nouvel effort ne souffre d’aucun défaut. Et la réponse à "Are you kidding Me ? No." claque comme une évidence. Si Destrage ne plaisante pas - comme le clame haut et fort le chœur de 'Purania', le groupe écoute bien les Spice Girls - le combo continue d'officier dans un registre mélodeath dévastateur et totalement dément comme en témoigne le triptyque introductif 'Destroy Create Transform Sublimate', 'Purania' et 'My Green Neighbour'.
Comme le titre du morceau augural l’annonce fièrement, Destrage, à l’instar d’un Meshuggah, détruit, crée, transforme et sublime la musique en proposant un mélodeath déstructuré et totalement barré avec comme innovation par rapport au précédent opus, l’intégration d’éléments électro. 'Purania' prend le relais avec tout autant de vigueur avec son break jazzy et que dire de 'My Green Neighbour', véritable déferlante de notes agressives côtoyant le chant versatile de Paolo Colavolpe.
A cet égard, si ce dernier continue de nous impressionner dans un registre caméléon digne d’un Mike Patton, les guitaristes duellistes ne sont pas en reste. Si "The King Is Fat’n’Old" avait validé la maestria des solistes Matteo Di Gioia et Ralph Salati, il avait mis en exergue que ces derniers avaient su s’approprier les gimmicks de Mattias IA Eklunhd. Pour l’occasion, ils ajoutent une corde à leur guitare avec des sonorités proches de Ron "Bumblefoot" Thal. Et comme les transalpins ne plaisantent pas et voient les choses en grand, il n’y a qu’un pas pour que l’actuel guitariste qui officie au sein de Guns’n’Roses fasse une apparition sur le titre éponyme clôturant l’album.
Et ceux qui pensent Destrage allait vous laisser reprendre votre souffle entre ce final époustouflant et dissonant et le triptyque augural en auront pour leur frais. Tout l’album est de ce acabit comme en témoigne 'Horst, Rifles & Coke'. Mieux, quand les italiens ralentissent le rythme, ils arrivent à nous faire chavirer à la faveur d’un final crescendo captivant à souhait ('Where the Things Have no Colour').
Telle une araignée schizophrénique, Destrage attrape dans sa toile sa victime qui restera englué dans ce cocktail aussi hypnotique et captivant qu'il est fou et rafraîchissant. Avec "Are you kidding Me ? No.", Destrage confirme tous les espoirs placés en lui à la sortie de "The King Is Fat’n’Old" et dynamite un genre musical ronronnant. Si bien que nous pouvons déclarer avec force qu’avec cet album, Destrage se positionne tout simplement comme LE groupe mélodeath du moment… ni plus, ni moins.