Avec son premier album éponyme paru chez Frontiers en 2012, Sonic Station n'avait pas déclenché plus qu'une sympathie respectueuse au sein du microcosme de l'AOR. Fortement influencé par la branche Westcoast et utilisant pas moins de quatre vocalistes différents, le projet mené par Alexander Kronbrink souffrait d'un manque de cohérence certain. De retour pour son deuxième opus, la formation suédoise ressemble désormais plus à un véritable groupe. Bien qu'il s'occupe toujours de la production et de certaines parties de claviers, Kronbrink se concentre désormais essentiellement sur la composition et sur la guitare, alors que Jonathan Fritzen occupe le poste de claviériste titulaire. Au sein de la section rythmique, Erik Metall est désormais le seul bassiste, alors que Thorleif Robertsson a été recruté derrière les fûts. Enfin, si Marika Willstedt est la seule survivante de la multitude de chanteurs de "Sonic Station", elle n'intervient que sur trois titres, le nouveau venu Johan Boding assurant toutes les autres chansons.
Passés chez Avenue Of Allies, les Scandinaves semblent avoir pris en compte les critiques qui avaient frappé leur précédent opus. Bien que variée, la tracklist est cette fois cohérente, restant sur des territoires AOR/Westcoast dont elle ne vient que rarement frôler les frontières. Les titres les plus énergiques sont placés en début d'album avec le single 'Amelia' au profil de hit en puissance, parfait alliage de mélodie et de dynamisme doté d'un refrain accrocheur. Avec sa voix qui fait penser à un mélange de Bobby Kimball (Toto), de Christopher Cross dans les moments calmes, et de Toby Hitchcock (Pride Of Lions) lorsqu'il fait preuve de plus de puissance, Johan Boding est sans aucun doute possible la révélation de ce "Next Stop". Après une nouvelle démonstration sur un 'Catch Me If You Can' à la fois plus lent et plus nuancé, il porte certains titres plus anodins vers des sommets qu'ils n'auraient probablement pas pu envisager sans ses interventions lumineuses. C'est le cas d'un 'Half Of My Heart' très 80's avec une touche Toto appuyée, qui aurait mérité un refrain plus accrocheur mais qui s'en sort grâce à un chant impeccable et à un joli solo.
Car la performance de Boding ne doit pas occulter les superbes soli du maître des lieux qui viennent ajouter au caractère plus rock d'un 'Brighter After Dark' porté par le chant puissant d'une Marika Willstedt qui profite de ses rares interventions pour rappeler qu'elle est également une formidable chanteuse. Le plus AOR/Westcoast, 'Where Are You Now ?' et la ballade aérienne et majestueuse 'Hide & Seek' sont également de beaux exemples du talent de la belle Suédoise. 'Last Goodbye' étale quant à lui ses 6 minutes sans que le temps ne paraisse trop long grâce à une guitare aérienne lumineuse. Enfin, il serait dommage de passer sous silence l'apport des claviers de Jonathan Fritzen qui renforcent la touche 80's de l'ensemble ('Stopped Beating' et sa ritournelle ou les nappes prégnantes de 'Love Clash'). Dommage que quelques titres se révèlent plus dispensables, en particulier des ballades le plus souvent liquoreuses ('Fool For Your Love') voire carrément lénifiantes ('Broken Man').
Sans révolutionner le genre mélodique, ce nouvel opus des Suédois leur permet cependant de franchir un nouveau palier grâce à une production et à des compositions finement ciselées. Les amateurs d'énergie brute en seront pour leurs frais, mais ce style artistique n'est pas prévu pour solliciter les articulations et les vertèbres cervicales. En évitant le côté mielleux de ses titres les plus délicats et en offrant plus de refrains accrocheurs, Alexander Kronbrink et sa bande pourraient bien ambitionner une place sur les sommets du genre lors de leur prochaine parution discographique.