Persefone est une formation venue d'Andorre arpentant les contrées brumeuses d'une musique puissante et sombre. Core, leur premier album, est réédité et remasterisé en cette année de grâce MMXIV afin de le vêtir d'un son de bien meilleure qualité. Qui plus est, ce dépoussiérage est essentiel, car l'album introuvable depuis des années est incontestablement un pur chef-d'oeuvre...
Core est construit comme un conte musical qui dépeint la légende de Persefone (ou Coré), déesse grecque, fille de Déméter qui fut enlevée par Hades gardien des enfers pour en faire son épouse et l'accompagner dans son antre infernale. L'oeuvre est morcelée en trois actes comme une tragédie grecque classique :
Acte I Sanctuary: Light and Grief
Acte II Underworld: The Fallen
Acte III the Butterfly et Seed: Core & Persephone.
L'album est une réussite inouïe, un chef d’oeuvre intemporel issu d'une rencontre de musiciens émérites. Bien que les bases proviennent du death metal, le groupe démontre une réelle technicité au travers de passages instrumentaux dignes des grandes heures de l'école progressive.
Les guitares mènent la danse dans les contrées reculées des entrailles des Enfers. La six-corde gorgée d’harmoniques impose des parties rythmiques très élaborées et des riffs assassins porteurs de mélodies. Les passages soliste sont bluffants de maîtrise parsemant la narration de mélodies chantantes et de parties plus techniques en sweeping. La batterie assoie sa puissance avec une grande maestria et apporte un groove tangible qui transfigure les compositions : les changements de rythme sont nombreux, le groupe passant avec aisance d’une métrique à l’autre. La voix rappelle beaucoup les intonations de Ville Viljanen (Mors Principum Est). Elle évolue dans un registre caverneux mais aussi dans des intonations criardes proches du thrash. Les claviers sont très présent, à la fois comme habillage ou comme contrepoint mélodique face à la guitare en des duels échevelés.
Le seul regret viendra du manque de surprises de cette réédition. Le groupe nous dévoile un seul inédit sous la forme d’une reprise des thèmes de Star Wars. Même s'ils sont bien exécutés - ont reconnaît immédiatement les musiques qui ont bercé notre imaginaire cinématographique - le cadeau est un peu maigre. On aurait souhaité des compositions nouvelles, des parties inutilisées qui auraient pu parachever ou prolonger le concept.
Core est un album qui fera date dans le monde du metal, une offrande à équidistance entre la classe de Kalisia (Cybion) et la maîtrise de Mors Principium Est. Persefone propose ainsi avec Core des compositions lumineuses et techniques dans lesquelles chaque instant semble avoir été mûrement réfléchi, chaque note habilement posée... Au final, ce disque est peut-être le trait d'union miraculeux propre à réconcilier les amateurs de progressif et de death metal rageur.