A peine un an après la sortie de leur premier effort musical, ‘Necroplex”, le duo suédois composé du batteur Mattias Olsson (ex-Änglagård,The Opium Cartel et Ingranaggi della Valle) et du claviériste David Lundberg (Gösta Berlings Saga), membres fondateur du groupe «Necromonkey», remettent le couvert avec la production de ‘(A) Glimpse (of Possible Endings)’.
Tout d'abord, il faut dire que les deux protagonistes sont beaucoup plus qu'une simple combinaison "batteur/claviériste", l’appellation " polymathes musicales " serait probablement plus appropriée. La valeur de l'intérêt des compositions - qui, à leur manière, sont aussi complexes que les approches de prog traditionnelles – avec un abord simplifié rend la plupart des instruments du duo impressionnant, complété par la contribution d'un certain nombre d'artistes invités (Einar Baldursson, guitariste de Gösta Berling Saga, qui avait également participé sur 'Necroplex' et du talentueux Rob Martino à la Chapman Stick). Fait intéressant, le rôle principal du mellotron est interprété à l'aide d'une source d'échantillons de différents instruments créateurs d'atmosphères symphoniques. Cet assortiment d'instruments se combine avec les outils traditionnels de la musique rock et un Mellotron utilisé comme un échantillonneur, avec des boucles contenant un orgue, 8 voix en chœurs, et des sections de cordes.
Tout en marquant une continuité avec son prédécesseur, ‘A Glimpse (of Possible Endings)’ diverge cependant sur pas mal de points, se révélant notamment plus ambitieux et plus ciblé. Les cinq titres de l'album sont conçus comme des vignettes impressionnistes plutôt que des compositions très structurées mais ne sont pas aussi aléatoires qu’elles peuvent le paraître de prime abord.
“There Seem to Be Knifestains in Your Blood” donne le ton, mais avec une note inattendue accrocheuse. Un cliquetis "Morriconesque" à la guitare, soutenu par une batterie électronique inlassable, tisse une mélodie mémorable avec un rythme hypnotique lent, bientôt rejoint par une plainte fantomatique. Les titres vont de deux minutes de piano avec intermède clairsemée pour " The Counterfeit Pedestrian " - soutenu par le faible crépitement d'un tourne-disque aveugle - aux 15 minutes de la chanson-titre. Cet épique plus conventionnel est un patchwork sonore complexe mais singulièrement cohérent dans lequel la texture envoûtante organique des Mellotron, piano, marimba et xylophone, soutenue par le violoncelle, les bois et les chœurs dramatiques, rivalisent avec force. Ajoutez-y une sorte de forme libre de Einar Baldursson à la guitare et un large éventail d'effets électroniques et cela vous donnera une idée de l’ensemble. Ce morceau est absolument magnifique et justifie à lui seul l’achat de cet opus.
Les fans de King Crimson remarqueront la similitude dans le titre de la deuxième piste ("The Sheltering Waters") avec un morceau du standard de la Crim (album 'Discipline'). Ce dernier ne manquera pas d'évoquer l'un des "nouveaux" morceaux les plus emblématiques de King Crimson et, en effet, la présence de Rob Martino au Chapman, combinée à la douceur, faisant écho à la guitare et à des effets de percussions mystérieux, relie ce morceau à l’envoûtante atmosphère de son quasi-homonyme illustre. L’album termine sur une bonne dose d’humour avec la coda et son « The Worst Is Behind Us » (le pire est derrière nous).
‘A Glimpse (Of Possible Endings)’ est un album parfaitement réalisé, dans lequel la musicalité exceptionnelle et les talents de compositeur des compères Olsson et Lundberg explosent au grand jour. Si vous aimez la musique instrumentale sophistiquée qui ose la différence, cette note maximale ne vous surprendra pas.