Tout commence sur un tempo heavy, un gros son de guitare qui sent le bon vieil ampli à lampes, une rythmique puissante et une voix éraillée. Puis ça enchaine avec un refrain direct à hurler en chœur face à la scène, suivi d'un break avec une belle accélération qui débouche sur la reprise d'un couplet dans une ambiance enfumée. Et le tour est joué ! Retour direct dans les années 70 pour un festival au milieu des champs avec une bande de chevelus fumant des cigarettes qui mettent de bonne humeur ! Initié dès 2006 par Nille Schüttman, guitariste des Danois de Sons Of Tomorrow, souhaitant profiter du break de son combo pour monter un projet œuvrant dans le Classic Rock, Riot Horse voit son line-up complété par une triplette de Suédois qui sont loin d'être des inconnus. En effet, le chant est assuré par Andreas Sydow, ancien hurleur de Darkane, et par une section rythmique formée par Joacim Sedim (Bai Bang) et son ancien compère au sein de la formation glam, le batteur Jonas Langebro.
Avec "This Is Who We Are", le quatuor scandinave nous sert son premier témoignage discographique pour ce qui représente un des plus beaux hommages rendu aux années 70. Les fantômes de Led Zeppelin, Black Sabbath, et autres Mountain ou Free planent tout au long de ce pavé de 12 titres gavé jusqu'à la gueule de références aux légendes du genre. Le titre d'ouverture ('Get Your Hands Up'), dont la description a servi à introduire cette chronique, en est le meilleur exemple avec son esprit digne du grand dirigeable, alors que 'Bring'em On' qui lui succède, se fait plus lourd et lent dans une ambiance qui nous renvoie directement aux premières œuvres du sabbat noir. Sans rien révolutionner, Riot Horse réussit le tour de force de ne jamais sombrer dans le plagiat. Il est possible de penser aux Black Crowes sur 'Miss Mississippi', mais c'est uniquement en raison d'un groove irrésistible, car l'inspiration est compensée par une intro très stoner dans l'esprit et dans le son. Les jams d'un 'Shine' s'étirant sur plus de 8 minutes en alternant les tempi, ou l'intro d'un 'Medicine Man' sur laquelle on s'attend à entendre le chant de Robert Plant débouler comme sur 'Black Dog', confirment l'écoute de l'œuvre de Led Zeppelin par les 4 scandinaves durant leurs vertes années. Quant aux gros riffs de 'My Mountain' ou 'You Took My Soul', ils semblent tout droit sortis de la discographie de Black Sabbath.
Rajoutez un pincée de Deep Purple sur 'Going Undercover', voire de Free avec la voix d'Andreas Sydow qui prend régulièrement des accents dignes de Paul Rodgers et tous les éléments sont réunis pour que Riot Horse ne soit qu'un clone. Pourtant, il n'en est rien ! Peut-être est-ce la multiplication des influences assumées. A moins que cela ne soit dû à ces quelques touches personnelles insérées de ci de là, comme ces petits coups de wah-wah en introduction d'un 'Didn't See It Coming' imparable ou bien l'utilisation judicieuse de bottleneck sur un 'Starlight' au refrain accrocheur. Et que dire de la ballade blues-rock 'Hold Me', lascive et mélancolique, si ce n'est qu'elle apporte une de ces respirations indispensables au maintien de l'attention sur l'intégralité de l'album ?
Biberonnés aux légendes des 70's, les Scandinaves assument leurs influences qu'ils équilibrent avec justesse grâce à quelques touches personnelles pour un superbe hommage au Classic Rock. Avec "This Is Who We Are", Riot Horse n'invente rien, mais il le fait tellement bien qu'il transmet une envie irrésistible de se jeter à nouveau sur la touche play dès les dernières notes de 'Medicine Man'. Comme un besoin de retrouver une bande de potes au milieu des champs en fumant des cigarettes qui mettent de bonne humeur… Comme quoi, il est parfois bon de revenir aux origines, que cela soit d'un style musical ou d'une chronique.