Voyager est un groupe venant d’Australie qui nous présente son cinquième opus sobrement intitulé 'V' et dont la création a pu se faire suite à un crowdfunding couronné de succès. Le combo s’articule autour de Daniel Estrin qui en est le compositeur principal, chanteur et claviériste et dernier membre fondateur du line-up actuel.
Historiquement, Voyager est avant toute chose un groupe de métal. Mais sur cet album, les australiens expérimentent de nouvelles pistes sonores qui les rapproche par moments de groupes de rock et métal progressif. La force de chaque titre réside avant tout dans ses arrangements et ses orchestrations habilement agencées, entre de l’électro moderne et des passages plus ambiants. La musique est à la fois complexe et belliqueuse avec des structures pas toujours évidentes à assimiler lors d'une première écoute. La force de 'V' réside en sa grande diversité qui met en valeur une grande dualité entre approche musicale complexe et accroche mélodique subtile.
Voyager sait donc être progressif à sa manière, à l'image d'un "Peacekeeper" impressionnant de maîtrise qui nécessitera du temps avant d'être apprivoisé proposant un style situé entre Pink Floyd et Anathema. D'autres chansons plus lourdes agrémentées de changements de tempo rapide et aromatisés de djent et de metalcore vous feront voyager à travers les genres à l'instar de "Hyperventilating", titre accrocheur et moderne avec quelques touches atmosphériques propres au groupe et un break orientalisant qui rappellera des combos tels Orphaned Land ou encore Myrath.
"Orpheus" et "The Domination Game" forment le cœur plus sombre de la galette, plus rentre dedans, notamment le premier nommé et son passage proche d'un Leprous (avec un duel vocal assuré par le bassiste Alex Canion). Les musiciens vont même encore plus loin sur "It's a Wonder" tout en rupture avec une césure centrale surprenante faisant penser à Opeth.
A l'opposé, l’album offre aussi des éléments plus simples comme "Breaking Down" ou encore le progressif suave de "A Beautiful Mistake" (enrichis des invités vocaux Daniel Tompkins et Zemyna Kuliukas) qui offrent bien plus de surprises qu'il n'y parait après une première écoute. Enfin pour la coda de cet opus, le combo nous propulse loin avec la délicieuse combinaison "Summer Always Come Again" (et sa ballade au piano absolument prodigieuse) / "Seasons of Age".
Cette cinquième production de Voyager enferme tant de richesses qu'il gagne à chaque fois en force et surprend à chaque écoute. Sa force est paradoxalement sa faiblesse puisqu'il demandera de nombreuses écoutes avant de se révéler totalement.