Si cet album s'intitule "Change", c'est bien de changement dont il est question ici. Changement de chanteur d'abord puisque Andi Deris est parti chez Helloween et a laissé sa place à David Readman derrière le micro. Mais le nouveau membre du clan de la citrouille était surtout un des principaux compositeurs et animateurs de Pink Cream 69. C'est donc bien un certain bouleversement qui caractérise ce quatrième album.
La musique des Allemands prend un virage hard rock US, qui coïncide avec le lieu de l'enregistrement, à savoir Los Angeles. La guitare d'Alfred Koffler se prélasse dans des riffs un peu gras qui s'épandent dans des rythmes majoritairement lourds et lents, à l'image des deux premiers titres 'Funny Words' et 'Light Of Day'. Le tubesque 'Two Hours' renoue un peu avec un phrasé plus habituel comme celui de 'Way Down' sur "Games People Play" tout en conservant ce son typé west coast très bien produit. L'excellente production assurée par Shay Baby, qui a travaillé avec Bruce Dickinson, David Lee Roth ou Scorpions, met la guitare très en avant même si la section rythmique tire largement son épingle du jeu, laissant Dennis Ward s'exprimer avec bonheur à de nombreuses occasions. Le caractère assez direct et simple de la musique permet aux uns et aux autres de montrer leur qualité d'interprétation.
On regrettera peut-être le côté léger et décalé que pouvait présenter les Allemands dans leurs débuts, et qui n'est ici plus de mise. Les titres s'enchaînent donc avec une qualité indéniable mais dans une trop grande homogénéité. En effet, même si l'intensité peut varier, comme sur le sirupeux 'Only The Good', ou le tribal 'Freakshow', l'album présente finalement assez peu de reliefs, malgré les efforts du nouveau frontman qui laisse exploser tout le rock'n roll dont son âme est dotée sur 'Something I Said' ou 'Queen Bee' notamment. Toutefois, il n'est pas facile de trouver de défaut majeur à cette galette, si ce n'est que la magie a du mal à prendre. En effet, on reconnaît peu ce qu'on pouvait apprécier dans le Pink Cream 69 des débuts, à savoir l'empreinte vocale très particulière d'Andi Deris mais aussi l'aspect ludique et sans prétention de la musique.
Difficile donc de changer assez radicalement d'identité après seulement 3 albums. Le pari de recruter l'Anglais David Readman et sa voix limpide mais résolument tournée, pour cette fois-ci au moins, vers un rock lourd et très américain, est assez risqué. Mais le professionnalisme et la qualité des cadres que sont Kosta Zarifiou, Dennis Ward et Alfred Koffler permettra à ce combo de poursuivre une carrière tout à fait honorable avec comme nouveau point de départ ce "Change" correct mais qui ne restera pas dans les annales.