Vingt-six années d’existence et vingt et unième album pour les Canadiens de Saga. Il faut dire que chacun de leurs albums est accueilli sinon avec impatience - le schéma de composition est assez régulier dans leur cursus - du moins avec plaisir, la qualité globale de leurs productions étant d’un excellent niveau.
Rien de très neuf avec “Sagacity” et ses douze titres au format plutôt court. Nous retrouvons la marque de fabrique de Saga, à savoir une rythmique acérée aux guitares et des claviers techniques et étudiés, portés par une production dynamique particulièrement au point. Des qualités très bien mises en avant dès le morceau d’entame, soutenu par une basse très en verve, mais aussi dans ‘Wake Up’, pêchu et ramassé, ‘Don’t Forget to Breathe’, bien équilibré, ‘No Two Sides’ et ses claviers recherchés, ou ‘The Further You Go’, avec ses instrumentaux joliment évolutifs malgré la brièveté du morceau. Autant de titres excellemment portés par la chaude voix de Michaël Sadler, plus charismatique que Jim Gilmour et dont la partition vocale est plus étoffée qu’à l’accoutumée.
Malheureusement, Saga tombe dans quelques facilités qui ont déjà émaillé quelques-uns de leurs opus précédents : une tendance aux mélodies pop trop faciles (‘On My Way’, ‘Luck’) et surtout une propension à appuyer les effets, notamment à la guitare. Le riff de ‘Vital Signs’ apparaît ainsi sans finesse, le slide de guitare de ‘Press 9’ est surjoué, tout comme le solo de ‘I’ll Be’, qui aurait gagné à s’exprimer plus en simplicité. On peut y ajouter le doublage à la guitare de ‘On My Way’ qui alourdit beaucoup le propos ou les soli de ‘Luck’ ou ‘Go With the Flow’ trop démonstratifs...
Ces petites erreurs, venant d’un groupe si expérimenté, sont dommageables, car Saga n’a depuis longtemps plus besoin de faire la démonstration de sa technique instrumentale pour exister ! Il reste malgré tout un album agréable à écouter qui offre de bons moments de savoir-faire musical mais qui ne tranche pas dans la discographie fournie du groupe. Un disque moyen pour Saga, mais d’une très honorable qualité au milieu des productions ambiantes ...