Un peu plus d'un an après la parution du majestueux mais peut-être trop imposant V.O.Z., Majestic et son leader multi-instrumentiste Jeff Hammel reviennent avec leur nouvel album, Epsilon 1, première partie d'un diptyque dont le concept tourne autour d'une odyssée spatiale et de l'étoile Epsilon, partie intégrante de la galaxie Eridanus. Pour ceux que le sujet intéresse, je les renverrais à l'étude la mythologie grecque (ou à la lecture du site de Majestic !), pour notre part, nous allons nous intéresser en premier chef à la musique proposée par ce groupe qui, avec ses dernières productions, avait atteint une forme de plénitude de bon aloi pour nos oreilles avides de rock progressif.
Chariots ouvre les hostilités avec un néo progressif plutôt classique, légèrement pataud au démarrage, largement porté par des envolées de claviers soutenues par une guitare agressive, la voix de Chris Hodges évoluant dans le même registre. Profitant des 11 minutes du titre, Majestic nous propose des ruptures d'ambiance ponctuées par des rythmiques syncopées, ainsi que plusieurs changements de thèmes, enluminés par un magnifique solo de guitare central. Ce ton agressif va se poursuivre sur la première moitié de Mother Dearest, avec une lourdeur métallique et des claviers à la Jon Lord qui finira par s'estomper pour proposer un final plus languissant, à la limite de l'expérimental.
La suite va se révéler plus conforme aux productions précédentes du groupe, avec un néo-progressif puissant, dominé par des claviers tantôt symphoniques, tantôt planants avec une grosse connotation floydienne (Epsilon I), et de longues parties instrumentales prenant même par moment des accents psychédéliques. L'origine américaine du groupe se ressent nettement tant dans la qualité de la production, que dans l'ampleur donnée à chaque instrument permettant un remplissage de l'espace sonore. A ce titre, l'écoute au casque est réellement recommandée ! Le titre le plus court atteignant 7'30, Jeff Hammel prend donc ses aises au sein de chaque morceau pour développer ses idées, sans toutefois négliger la place accordée aux vocalistes, et notamment à Mark Atkinson (Riversea, Nine Stones Close), invité à tenir le haut du pavé sur Starlight, sa voix enchanteresse collant parfaitement à l'atmosphère apaisée de cette plage épique.
Outre la qualité de composition de notre artiste, il conviendra également de noter ses talents d'interprète, tant aux claviers qu'aux instruments à manche : le dynamique instrumental Epsilon II – Doorways est à ce titre bluffant !
Bien installé dans le haut du panier des groupes progressifs américains, Majestic confirme son statut avec ce nouvel album, sans réelle surprise, mais tellement bien écrit et interprété qu'il contentera les auditeurs les plus exigeants tout au long de nombreuses écoutes.