The Experiment est un projet musical conduit par Paolo Vallerga (N° Q), un scénographe, auteur, compositeur et écrivain italien. C'est son premier projet musical d'envergure. On ne peut pas parler de concept album puisque qu'aucun fil conducteur ou narration suivie n'est présent sur l'album. Pourtant, il en a bien la couleur et la saveur. Conçu comme un album rock, The Experiment s'appuie sur une douzaines d'artistes de provenances géographiques aussi différentes que leurs horizons musicaux. Entre rock progressif, métal et poésie, l'album est un véritable ovni dans le paysage musical de 2014.
Le projet porte bien son nom puisque l'auditeur va vivre une réelle expérience musicale, originale et unique. La construction de l'album fait penser à un concept finement ciselé malgré l'absence de linéarité dans la narration. Cette impression est largement renforcée par la multitude d'artistes et notamment de chanteurs (quatre en tout) qui se succèdent au micro, rappelant les fresques métal-prog des Ayreon, Epysode ou autres projets conceptuels du même genre. Pas de têtes d'affiches pompeuses ni de grands noms dans ce casting puisque, si talentueux soient les musiciens, ils font tous parti d'un cercle d'intimes amis du fantasque créateur. Parmi eux, des membres de Therion, Lord Byron ou Loch Vostok pour ne citer que les plus connus. A l'instar de Samuel Arkan, Paolo Vallerga a voulu réunir tout son casting physiquement pour des sessions d'enregistrement concentrées sur quelques jours afin d'obtenir le meilleur de chaque artiste et une cohésion d'ensemble que l'on ressent sur chacun des titres.
Et le résultat est bluffant. La musique oscille en permanence entre un métal tantôt agressif ("Romatiquesque") ou virevoltant ("The Testament Of Cremer" à la longue litanie orientale et aux soli échevelés), et un rock planant et aérien. Dans ce registre, le solo de "Unpainted Leaves" couplé à la voix délicate de Linnéa Vikström constitue l'un des points d'orgue de l'album. De même, le très progressif closer "Il Commandante" (seul titre en italien) avec sa flûte traversière envoûtante ferait presque regretter d'en arriver déjà à la fin de l'opus. Dans un autre registre "The Dream Of The Wale" ou "The Labyrinths" semblent tout droit sortis d'un opéra-rock avec leurs développements épiques et leurs duos de vocalistes. Dans l'ensemble, chaque titre tire la quintessence de son potentiel et des musiciens qui le jouent. L'interprétation impeccable et l'extrême intelligence de l'écriture confèrent à chaque instant passé en compagnie de ce N°Q une magie qui confine à l'excellence.
Il est assez difficile de décrire les émotions immédiates que procure chaque note de chaque titre. Une expérimentation personnelle est certainement le meilleur moyen de s'en rendre compte. Ce N°Q propose une expérience qui pourrait bien s'imposer comme l'une des plus grandes réussites de l'année et pourrait bien réconcilier les plus sceptiques vis à vis du rock/métal progressif transalpin...