Des papillons dans le désert ? Cette incongruité pourtant tout à fait réelle et exemplaire de la capacité d’adaptation de la vie est le point de départ conceptuel du deuxième disque du récent ex-guitariste d’Orphaned Land, Yossi Sassi. Deux ans après sa première tentative solo c’est dans ce "Desert Butterflies" que l’israélien se fait porteur du message de réconciliation et de liberté qui est le sien. Jamais aussi à l’aise en solo que quand il est accompagné c’est encore une fois l’ouverture et la générosité qui symbolise cet album.
Comme avec "Melting Clocks" la guitare de Yossi Sassi est fortement mise en valeur dans "Desert Butterfly", moins sous l’influence satchienne qui transparaissait précédemment que sous l’angle de la pureté des instruments acoustiques ou de la démonstration du toucher de l’israélien duquel émane une magnifique sensibilité (‘Fata Morgana’ et les splendides soli de ‘Cocoon’ et ‘Desert Butterfly’). Majoritairement instrumental, hormis deux ballades parfaitement intercalées et chantées par Mariangela Demurtas et Yossi (respectivement sur ‘Believe’ et ‘Cocoon’), ce disque est un vrai dépaysement. Les instruments traditionnels du bassin méditerranéen, de l’Andalousie à l’Anatolie, utilisés dans cet album chargent les compositions de soleil et d’authenticité mais aussi d’une poignante mélancolie (‘Shedding Soul’).
Fidèle à sa conviction que la vertu de la musique permet de relier les peuples et les cultures Yossi n’enferme pas ses compositions dans une époque ou un lieu. Les passerelles avec la musique dite occidentale sont permanentes et cette grande tradition du métissage harmonique déjà fortement développé dans Orphaned Land trouve ici de belles expressions. Preuves de cet éclectisme musical cosmopolite de souche orientale ‘Inner Oasis’ ou la funky ‘Neo Quest’ et nous pourrions citer le blues avec ‘Desert Butterfly’ ou l’offrande faite à Ron Thal de placer un solo dans sa plus pure nature extra-terrestre dans la splendide ‘Fata Morgana’.
Pour peu que vous soyez sensibles aux charmes envoutants de l’orient ce disque est fait pour vous ravir. Si de plus vous partagez la remarque qui consiste à dire que les performances saturées de Yossi avec Orphaned Land masquaient parfois une sensibilité qui ne demandait qu’à s’exprimer alors vous n’avez plus à hésiter. L'émotion procurée par l'écoute de "Desert Butterfly" en fait un disque touchant et précieux.