A lire le dossier de presse, Knifeworld serait, je cite « un octet imprévisible officiant dans un style pop complexe et psychédélique… Des influences riches et variées telles que XTC, Henry Cow, Syd Barrett, Led Zeppelin, Steve Reich, Todd Rundgren, Black Sabbath, Magma, Voivod et Sonic Youth ». Avouez que ça fait plutôt envie, non ? Bon, en même temps, on sait bien qu’il faut se méfier des dossiers de presse. Après tout, leur but n’est-il pas de nous vendre un artiste ou un groupe quitte à abuser des qualificatifs ? En ce qui concerne Knifeworld, on peut dire que, une fois n’est pas coutume, le dossier de presse a tapé relativement juste. Si l’on a beau chercher les influences de Led Zeppelin, Black Sabbath, Sonic Youth et Voivod, pour le reste, c’est effectivement à un groupe pop (XTC), psychédélique (Syd Barrett, Todd Rundgren) et jazzy (Henry Cow, Magma) que l’on a affaire. On pourrait même rajouter progressif car certains morceaux vous feront certainement penser à la musique recherchée de The Tangent, le groupe d’Andy Tillison.
Conçu au départ comme un projet solo de son leader Kavus Torabi qui a travaillé notamment avec les Cardiacs, Guapo et Gong, le groupe s’est enrichi peu à peu de musiciens divers pour sortir un premier album en 2009 et un deuxième « The unravelling » en 2014.
Heureusement pour eux (et pour notre plaisir de mélomane), Knifeworld s’avère être bien plus qu’une somme d’influences, aussi prestigieuses soit-elles. La formation à 8 musiciens sait élaborer des compositions complexes et riches dans lesquelles le jazz fait souvent office d’ossature, la musique classique et contemporaine finissant l’habillage sonore grâce à l’emploi habile et appuyé d’instruments à vents comme le saxophone et le basson.
Si l’on pense alors au mouvement RIO (Rock In Opposition) le long des 8 morceaux qui parsèment l’album, Knifeworld se révèle être au final bien moins radical que le plupart des autres formations officiant dans le genre précité. Les chants (qu’ils soient masculins, féminins ou encore en chœurs) ne sont quasiment jamais dissonants et quand la formation s’éloigne des sentiers mélodiques, ce n’est que de manière temporaire. L’auditeur n’est donc jamais complètement perdu comme cela peut être le cas parfois avec des groupes comme Thinking Plague ou encore Kayo Dot.
« The unravelling » n’aura probablement pas un succès international en raison de la singularité de sa musique, mais il se pourrait bien qu’il fasse son chemin dans le cœur des amateurs de progressif élaboré et de jazz-rock de qualité. Un album qui risque fort bien de revenir dans les tops 10 de fin d’année.