Ceux qui connaissent son oeuvre savent que John Carpenter n'est pas qu'un (grand) cinéaste mais aussi le compositeur de ses propres B.O dont les notes synthétiques, certaines inoubliables ("Halloween") ont autant influencé d'autres auteurs de musique de films que des groupes de Space Rock, l'un des plus célèbres étant Zombi, au point de devenir presque un sous-genre en soi.
Que Nightsatan cite le bonhomme comme principale influence n'a donc rien de surprenant car en se donnant pour but de rendre hommage au cinéma bis de science-fiction des années 80, le trio finlandais ne peut que se rapprocher du maître que les Italiens, les spécialistes du film post-apocalyptique, ont eux même pillé pour rythmer leurs pellicules.
Non content d'avoir accouché en 2010 d'un premier album dans cette veine, "Midnight Laser Warrior", le groupe va cette fois-ci au bout de son propos en livrant ni plus ni moins que la bande originale d'un court métrage dont ses trois membres sont eux mêmes les héros, baptisé "Nightsatan And The Loops Of Doom" (ça ne s'invente pas).
Nappes électroniques lancinantes, batterie synthétique, ondulations hypnotiques animent cette partition souvent pulsative, toujours entêtante, avec en sus cette patine analogique pleine de charme. S'il se déploie via de nombreuses pistes (quatorze au total), généralement assez courtes, l'opus parvient à dépasser le simple cadre de la B.O. pour être apprécié comme un disque à part entière. Corollaire de cette qualité, à aucun moment l'ennui ne vient encombrer une trame aussi dynamique qu'envoûtante.
Et malgré un accoutrement digne de San Ku Kai, les Finlandais ne plaisantent pas vraiment lorsqu'il s'agit de tricoter ce tapis d'effluves robotiques, auteurs de lignes mélodiques qui s'accrochent à la mémoire à l'image de 'Enter The Loop' ou de 'Secret Of The Mystery'. Les quatre minutes de l'inaugural 'Lost Karelia' leur suffisent d'ailleurs pour ferrer l'auditeur, invite planante dont les aplats s'étirent avec lenteur, comme c'est le cas tout du long, le rythme ne s'emballant qu'assez peu.
Si à son écoute, l'impression d'être plongé dans un film de zombies italien des années 80 à la Lucio Fulci ou Umberto Lenzi (les amoureux du cinéma de genre comprendront) s'impose d'emblée, faisant éclore à l'esprit des images sanglantes ('Nightmare In The Night Doomsday Judgement'), l'album n'est pas sans rappeler non plus les travaux de Zombi, comme l'illustre des oscillations telles que '(Obey) Thy Master' ou 'Theme From Loops Of Doom'.
On suit l'opus au gré de ses ambiances tour à tour menaçantes ou planantes mais toujours mélodiques comme si nous étions propulsés dans les aventures de ces trois musiciens dont le talent est inversement proportionnel au bon goût de leur costume. En définitive, nul besoin de connaître le film pour lequel il a été conçu, pour apprécier comme il se doit cet album au groove hypnotique.