Même équipe, mêmes ingrédients : des compositions allant à l'essentiel, loin des dissonances et des ruptures progressives des premières années du groupe. Avec une production à la précision chirurgicale, Big Generator se présente, du moins sur le papier, comme le digne successeur d'un album dont les mélodies résonnent encore dans toutes les têtes. Et Love Will Find a Way, premier single extrait de cette galette à la pochette ratée, va prolonger pour un temps le succès radiophonique et télévisuel de Yes. La mélodie fait mouche, les arrangements coulent avec justesse dans les oreilles et l'interprétation est une nouvelle fois sans faille. Le tout est mis en boite par une production aux petits oignons et tout appelle un succès immédiat.

Hélas, pour le fan du groupe et l'amateur de rock progressif, le reste de l'album va essayer de surfer sur la même vague mais sans la magie présente sur 90125. Au-delà de ce premier single réussi, force est de reconnaître que la recette s'avère quelque peu répétitive : The Rythm of Love est le petit frère (en moins bien) de ce premier titre, Big Generator et son refrain affreux tentent sans succès de convier de nouveau les cuivres explosifs utilisés à merveille quatre années auparavant sur Owner of a Lonely Heart, tandis que le pourtant envoûtant Shoot High Aim Low voit son soli de guitare tomber comme un cheveu sur la soupe, coupant le titre en deux de manière incongrue.