Dans la famille Schelander je demande le bassiste Per que l’on a pu entendre dans House Of Shakira et Pain Of Salvation (période "Road Salt") et le claviériste Jörgen qui a multiplié les participations dans de nombreux projets. Les deux frères sont à l’origine d’Astrakhan un nouveau groupe qui risque de faire parler de lui dans les années à venir. Son premier album, "Retrospective", concentre déjà assez de qualités pour que toute notre attention se porte sur le quintet de Stockholm.
Si aucun doute ne demeure sur le style musical très suédois de la fratrie, Astrakhan n’en est pas moins un groupe qui puise son énergie dans le hard rock des années 70. Dès la courte introduction ‘Under The Sun Part 1’ c’est le dernier Pain Of Salvation, le plus vintage des groupes de métal prog suédois, qui est convoqué. La suite avec ‘Shadow Of The light’ et ‘Propaganda’ donne dans le hard mélodique proche de Whitesnake, Rainbow et Deep Purple avec toujours la touche progressive qui transcende les morceaux. Le mode de composition à deux mains (jusqu’aux textes construits avec les apports successifs des deux frères) et les multiples influences peuvent être source de dispersion mais pas dans le cas d’Astrakhan qui fait montre d’une vraie qualité de synthèse. Cette originalité et cette diversité déstabilisent lors des premières écoutes mais peu à peu la magie opère.
‘Higher Ground’ et ‘Noname Lane’ sont deux mid-tempos idéalement placés avant d’aborder la deuxième partie du disque bien plus progressive et ténébreuse. Ils sont aussi l’occasion d’interventions lumineuses de Marcus Jidell en guitare solo. La triade ‘Extreme Media Makeover’, ‘Long Gone Generations’ et ‘Modern Original Sin’ libèrent la parole des instruments acoustiques et vintages dans des variations orientalisantes ou folks côtoyant la noirceur des riffs et des ambiances. Se situant quelque part entre Opeth et Beyond Twilight (particulièrement sur ‘Modern Original Sin’) les choix instrumentaux d’Astrakhan reflètent la finesse et la mélodie plutôt que l’excès technique. Lycke, sorte de mélange entre Tom Englund et Jorn Lande, est l’artisan prépondérant de cette richesse harmonique (‘Extreme Media Makeover’).
Pour un premier album Astrakhan affiche une maturité impressionnante à jongler avec ses tropismes classiques et progressifs (le dernier titre ‘State Of Mind’ en est l’exemple parfait). Cette combinaison, assez peu représentée dans le monde du progressif, forge la forte identité du groupe. On attendra avec attention la confirmation des belles promesses que révèle ce "Retrospective".