Comme son nom le laisse deviner, "The Papermoon Sessions" se veut le fruit de la rencontre entre Papir et Electric Moon le temps d'une collaboration aussi culte que naturelle. Culte parce que lorsque deux des groupes les plus brillants du Space rock psychédélique décident de s'accoupler cela ne peut que déboucher sur un monumental orgasme qui fera date. Naturelle parce que les Danois et les Allemands partagent une même vision de la musique, instrumentale, organique et garantie sans overdubs, proximité tant sonore que spirituelle qui ne pouvait qu'aboutir à une belle et généreuse rencontre. Dont acte.
Mais plutôt que de parler de split, ce qui est erroné, mieux vaut employer le terme de rencontre, voire même de fusion entre les deux entités. Inutile par conséquent d'espérer trouver sur cette rondelle la simple addition de titres de Papir et d'Electric Moon, vous n'en trouverez pas. A leur place, trois pistes signées à plusieurs mains, celles de six musiciens réunis le temps d'une journée d'août 2012 à Copenhague pour capturer l'énergie planante d'un Rock psyché qui décolle souvent très haut.
Corollaire de cette approche fusionnelle, les deux protagonistes fondent leur identité, leur style, pour donner naissance à un seul groupe unique et éphémère. De fait, il serait vain de vouloir chercher l'apport de chacun dans ces compositions à la trame déliée, quand bien même la guitare noyée sous les effets de Sula Bassana ou la rythmique à la fois brute et soyeuse des Danois ressortent aisément de ce magma cotonneux.
Avec ses 16 minutes, 'Farewell Me, Space Echo', piste la plus spatiale du lot, ouvre le voyage, lente élévation vers les étoiles que pilotent des guitares stratosphériques, avalées par un nuage d'effets psyché tandis que peu à peu la batterie s'emballe. Le plaisir monte progressivement, la sève prête a jaillir à tout moment, ce qu'elle fait au deux tiers du chemin, laissant ensuite le titre mourir en un decrescendo duveteux.
Plus court et anecdotique, 'Rest Dust' est peut-être le morceau où la griffe de Papir est la plus évidente, manière de pause avant le second pavé, ce 'Circle" aux allures de jam endiablée. Après une entame accrocheuse et groovy, l'ambiance change brutalement, épousant les atours cosmiques d'une lente déambulation tricotée par des instruments en apesanteur, montée en puissance orgasmatique qui s'achève sur une éruption de six-cordes au bord de la rupture. Malgré sa (très) longue durée, plus 20 minutes au compteur, jamais 'The Circle' n'a l'air de se perdre ni de s'égarer, rampe de lancement dirigée par des musiciens qui savent où ils vont et ne se prennent pas les pieds dans une trame lâche.
"The Papermoon Sessions" tient toutes ses promesses, trip planant où Papir et Electric Moon fusionnent en un magma soyeux et démesuré. Quel talent !