Cherry Red Reccords a eu la bonne idée d'éditer un coffret composée de deux albums 'Jack Knife' et 'Monkey business'.
Nous allons traiter ici de ce dernier. Il serait inutile de présenter John Wetton, ancien bassiste et voix de King Crimson, actuel chanteur d'Asia, très sollicité ces derniers temps grâce à la publication de l'album ''Gravitas''. En revanche, le nom de Richard Palmer-James n'apparaît peut-être pas aux yeux de tous comme évident. Ancien chanteur et guitariste de Supertramp sur leur premier album, il a ensuite récupéré la place vacante de parolier de Peter Sinfield au sein de King Crimson à partir de 'Larks' Tongues in aspic' et jusqu'à 'Red'. Les deux ont déjà travaillé ensemble avant leur arrivée au sein du Roi Pourpre dans un groupe appelé Ginger Man.
''Monkey business'' se présente comme un work in reprogress du travail de King Crimson à l'époque où les deux membres y étaient présents. L'album fort de 24 titres est composé de démos, de versions live, de chutes ou d'accidents (comme le faux départ '(Flourish)' qui ouvre l'album) et enfin de compositions inédites ('Doctor Diamond').
D'ors et déjà cet album apparaît purement réservé aux amateurs de King Crimson, avides de collection et d'écoutes originales, comme la démo de 'The book of saturday' chantée en yaourt puis suivie de sa version live. La perle rare s'appelle 'Doctor diamond' et malgré son introduction sautillante, cette dernière sonne comme une piste d'un album hypothétique de King Crimson si ce dernier avait conservé son line-up au moment de Discipline.
Néanmoins, tout le plaisir à l'écoute de cet album n'est pas perdu. L'amateur peut trouver du charme en écoutant certaines versions live réussies de classiques du groupe comme 'The round watch' dans laquelle la voix susurrante de John Wetton transmet une émotion de clair-obscur. L'album se clôt d'ailleurs sur une magistrale interprétation de 'Starless' où John Wetton fait montre de ses capacités vocales avant de s'achever sur une ligne de piano lumineuse.
Les plus curieux d'entre vous seront également invités à jeter une oreille sur des titres comme le profond 'Cologne 1977' (la voix de John Wetton passe de la révolte à la soumission), et de le comparer à sa version mélancolique 20 ans après voire le pesant 'The good ship enterprise' (qui aurait pu figurer sur ''Red'' et sur lequel on peut entendre Bill Bruford) ou d'autres morceaux plus proches de John Wetton, voire d'Asia comme la mélodique et apaisante 'The glory of winning', ou des morceaux plus énergiques comme le rock'n'roll endiablé ' Too much monkey business'
Le seul regret à apporter à cette compilation serait l'absence de la guitare folle mais maîtrisée de Robert Fripp qui apportait de la chair à ses compositions. Les courts morceaux accidentels sont d'habiles transitions permettant de ménager l'auditeur entre deux morceaux plus pesant. Un album qui représente un bon départ pour le néophyte qui ne se serait pas encore aventuré dans la jungle musicale de King Crimson.