Qu'il est loin le temps des premiers albums maladroits et approximatifs. Il est en effet fréquent aujourd'hui de découvrir des galops d'essai déjà conjugués au presque parfait, oeuvres de musiciens qui semblent avoir des années au compteur.
Or c'est justement le cas de The Order Of Israphel dont la classe et l'incontestable réussite de sa carte de visite s'explique - au moins en partie - par l'expérience de deux ses membres, à savoir le bassiste de Doomdogs Patrick Andersson Winberg et surtout le chanteur Tom Sutton, connu comme guitariste au sein d'Horisont, un des meilleurs groupes suédois actuels en matière de Rock 70's.
Toujours à l'affût du bon coup, Napalm Records ne s'y est pas trompé en signant ce combo qui bien que fondé seulement en 2012 n'est pas né de la dernière pluie et grâce auquel il enrichit encore davantage son catalogue dédié au plomb. Et "Wisdom" en est particulièrement riche justement, bien plus dans tous les cas qu'Horisont. Moins Stoner et tout simplement plus Doom, The Order Of Israphel, s'il louche lui aussi vers les années 70, ne possède pas les mêmes références que son aîné, préférant au jus purplelien le sang sabbatien.
Les Suédois ne sont certes pas les premiers dans ce cas et encore moins les derniers mais ils ont pour eux un art de la démesure tout à fait étonnant. On craignait d'ailleurs un peu que "Wisdom", bordé de pavés avoisinant les 10 minutes, ne se prennent les pieds dans le tapis dans ces durées étirées.
Mais il n'en est rien, bien au contraire, le groupe faisant même preuve d'une insolente maîtrise, allant même jusqu'à démarrer non pas avec un titre court et accrocheur comme cela aurait pu être le cas mais par l'éponyme 'Wisdom', pièce d'une robuste majesté nourrie au Doom du Sabbat noir et que porte le chant de Sutton qu'on aurait jamais cru aussi à l'aise à ce poste.
Long de plus d'une heure, le menu alterne les marathons flamboyants et les brûlots au format plus trapu mais tout aussi flamboyants à l'image du reptilien 'Born For War' ou de l'étonnamment véloce 'The Black Wings A Demon'. Ceci étant, c'est bien lorsqu'ils se lancent dans l'érection de cathédrales aux dimensions monumentales que les Scandinaves impressionnent le plus, atteignant alors le Valhalla.
Plus que 'Promises Made To The Earth' qui aurait sans doute réclamé quelques coups de ciseaux en dépit de très beaux moments, 'Morning Sun (Satanas)' que déchire une savoureuse accélération ou bien encore l'énorme 'The Earth Will Deliver What Heaven Desires', lequel s'ouvre comme une power ballad aux teintes acoustiques avant de muter en un voyage aussi lourd qu'envoûtant, illustrent ainsi cette écriture d'une force épique superbe.
Bref, vous l'aurez compris, "Wisdom" est de ces disques impossible de prendre en défaut, première offrande d'un Doom puissamment épique et ensorcelant.