Le single 'Shine' (cover de Mr. Big) ayant eu un beau succès en Scandinave, alors que le titre éponyme a figuré à l'affiche du film Wall Street 2, il n'est pas étonnant que "Money Never Sleeps", premier opus des Suédois de Covered Call, ait permis à ces derniers de se faire un nom dans le milieu de l'AOR et de signer chez un des labels de référence du genre, à savoir AOR Heaven. Il aura cependant fallu 4 ans au quintet pour offrir une suite à son premier album qui attendait désespérément de voir confirmer les espoirs qu'il avait fait naitre. Il faut dire que le line-up s'est vu sérieusement modifié. Si la paire Carlsson / Svanstromer est toujours aux commandes, épaulée par Morgan Rosenquist, elle a tout d'abord dû remplacer le bassiste Thomas Tulin par Andy Loos qui est loin d'être un inconnu puisqu'il a déjà officié au sein de Glory et de Lion's Share. Pourtant, malgré les références du bonhomme, son arrivée passe quasiment inaperçue à côté de celle du nouveau frontman. Le poste tenu par Thomas Vikstrom est en effet désormais confié à un certain Göran Edman dont nous ne vous ferons pas l'outrage de rappeler le CV long comme le bras, ni la trentaine de formations dans lesquelles il a tenu le micro. Tout juste nommerons-nous Yngwie Malmsteen, John Norum, Glory, Karmakanic ou Geff pour la beauté du geste.
Autant dire qu'avec des petits nouveaux au tel pedigree, l'écoute du nouvel album se fait avec impatience et fébrilité. Enregistré au fameux studio Fredman, "Impact" impose immédiatement l'AOR finement taillé de Covered Call. Les guitares de Carlsson et Rosenquist sont à nouveau impressionnantes, faisant preuve d'une belle complémentarité dans des harmonies (qui ne sont pas sans rappeler Def Leppard), mais montrant également une belle technique sur des soli toujours bien sentis. Et si les prestations d'Edman et Loos sont à la hauteur de leurs réputations et expériences, c'est bien Ronny Svanstromer qui éclabousse de nombreux titres de sa classe avec un travail d'orfèvre mariant à la perfection technique et efficacité. Des titres tels que 'When The Lights Are Out' ou 'Nothing Last Forever' en sont d'excellents exemples, même si le mid-tempo 'Look Into Your Mind' est probablement celui qui se voit le plus enrichi par la présence du batteur.
L'ensemble fait preuve d'une belle homogénéité. Peut-être trop d'ailleurs puisque rares sont les titres à ressortir des premières écoutes. Le plus immédiat est la reprise (encore une !) du 'Hold On' de Saxon ("Dogs Of War" – 1995). Relativement proche de l'original, il fait cependant preuve d'une belle énergie par laquelle l'auditeur se laisse aisément emporter. Pris individuellement, chaque titre est d'une belle qualité: 'Lorraine' ouvre les hostilités avec un bon riff dynamique et accrocheur. 'When The Lights Are Out' est légèrement syncopé et fait preuve d'une certaine originalité. Quant à 'Wake Up' et 'Live It Up', ils amènent énergie pour le premier et fraicheur pour le second, avant que 'Last Goodbye' ne vienne déposer son final digne d'un coucher de soleil sur un horizon rougeoyant.
'Impact' fait partie de ces albums dont les trésors se découvrent après plusieurs écoutes, préférant le travail d'orfèvre à l'immédiateté de plus en plus imposée par une société qui consomme l'art comme n'importe quel produit de supermarché. Il manque cependant de quelques refrains plus accrocheurs et d'un peu plus de relief que la qualité d'écriture et d'interprétation ne suffisent pas à compenser pour en faire un album incontournable. Pourtant, à condition de prendre le temps de plusieurs écoutes, voici un album qui vous fera passer un excellent moment avec une formation qui sait ce que le mot mélodie veut dire.