Depuis sa résurrection en 2009 après un hiatus de 7 ans, Karma To Burn multiplie les galettes comme d'autres les pains, enrichissant chaque année sa désormais imposante discographie d'un nouvel hommage au sacro saint riff... Quitte peut-être à émousser ce qui faisait son charme (nous y reviendrons), d'autant plus que si le bassiste Rich Mullins et le batteur Rob Oswald ont tout d'abord participé à ce retour, ils ont depuis été remplacés, laissant le guitariste Will Meccum être le seul membre historique tenant encore la barre.
Il est vrai toutefois que c'est ce dernier qui a toujours constitué la pièce maîtresse du son du groupe, de son identité unique. Lourd et nerveux à la fois, le jeu du bonhomme, véritable dynamo vivante, est la colonne vertébrale de ces titres instrumentaux, aussi intenses que trapus. Les Américains ont su créer une signature qui n'appartient vraiment qu'à eux et dont ils ne se départiront sans doute jamais.
Corollaire de cette marque de fabrique indélébile, rien ne ressemble plus à un album de Karma To Burn qu'un album de Karma To Burn, exception faite bien entendu du galop d'essai éponyme, le seul à ne pas être instrumental à cause du refus de Roadrunner de le publier ainsi. Deux ans après l'avoir d'ailleurs revisité dans sa version d'origine avec "Slightly Reprise", le trio revient avec ce "Arch Stanton" dont le nom ne pourra que ravir les cinéphiles. De fait, avec ses références au "Bon, la brute et le truand" (écoutez aussi '59' et vous comprendrez), cet opus pouvait-il vraiment décevoir ? Non, évidemment.
Alors certes, c'est donc toujours un peu la même chose. Ces morceaux qu'identifie la numérotation habituelle ('57', '56', '32'...) auraient ainsi très bien pu figurer au menu de "Appalachian Incantations" ou de "Almost Heathen". Pourtant, malgré cet air tenace de déjà-entendu, la recette, immuable, marche encore, car Will Meccum n'a pas son pareil pour vidanger ces riffs de bûcheron dont il a seul le secret. Soutenu par une rythmique épaisse et terreuse, il mouline ses lignes aux allures de câbles à haute tension, exécutant quelques très bonnes saillies, telles que l'ultra pesant '53' aux sombres ambiances, ce '58' aux ultimes mesures orgasmatiques, sans oublier un '55' bien râcleux ou le quasi sudiste '54' et son entame à la old ZZ Top.
Au final, alors que nous attendions de la part de Karma To Burn une simple rondelle de plus, c'est un très bon cru que celui-ci nous offre, renouant avec l'inspiration et l'énergie de "Wild Wonderful Purgatory".