Il aura fallu presque 10 ans à Dominic Cifarelli pour donner une suite à l'exceptionnel "Starborn Tome I". "A Million Lights, Tome II" sort (enfin) en cette fin 2016. Si l'attente a été longue, elle a tout de même été partiellement comblée depuis plus d'un an avec la sortie de quelques titres au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Mais les premières impressions n'ont pas été très encourageantes. Alors, confirmation ou déception ?
Comme son créateur l'avait annoncé, la musique s'est sévèrement durcie. Plus heavy, plus brutale et plus sombre, le metal prog de ce tome II s'éloigne des envolées instrumentales lumineuses de son prédécesseur et les premières pistes viennent confirmer cette tendance avec des tempos ultra rapides, des riffs rageurs et une voix agressive allant jusqu'au chant extrême sur 'I Remember'.
Il faut attendre 'Spirit Carrousel' pour trouver un peu de subtilité et une inspiration apaisée. Cette ballade dont Beckie Frieden partage les parties vocales avec l'auteur est une parenthèse douce avant un 'Life I Know' qui marque le retour à un metal prog bien plus léché rappelant notamment Karnivool par la mélodie de son refrain puissant. Le pont instrumental nous prouve que Cifarelli en a gardé sous le pied lors du premier tiers. Dans la même veine, 'In Ruins' fait la part belle aux envolées instrumentales et le riff final est tout simplement parfait.
Après un 'Hatred In My Heart' éthéré et apaisant, le facétieux Canadien nous plante un 'Violet Empress' et un 'A Trillion Lights' dignes de Dream Theater avec leurs phases instrumentales rageuses et techniques entrecoupées de ponts progressifs du meilleur effet. Le closer 'The Turning Of The Heavens' est une longue suite progressive instrumentale de 13 minutes avec une intro poignante à base de piano et guitare aérienne, puis des phases metal rapides et endiablées qu'un final tout en douceur vient clore en contraste avec le reste du morceau qui s'impose comme une pièce maîtresse de l'album.
Une entame ratée vient plomber ce "A trillion Lights, Tome II" car il y a d'excellentes choses sur cette suite à "Starborn" même si la filiation ne saute pas aux oreilles tant l'approche artistique est différente. L'émotion n'est présente qu'à de trop rares reprises. La faute à un propos plus heavy et plus agressif ainsi qu'à presque dix années d'intervalle qui montrent ici à quel point un artiste et ses créations peuvent évoluer. Loin d'égaler son prédécesseur, sauf dans la production cette fois-ci impeccable, l'album reste intéressant pour les amateurs de metal prog mélodique mais les amoureux du Tome I risquent d'en être pour leurs frais. Espérons qu'un futur Tome III verra le jour dans un délai plus raisonnable et qu'il donnera une plus forte cohérence à l'ensemble.