"Divided By One" est le septième album solo de Billy Sherwood. Fidèle à ses habitudes, l’homme a composé, interprété, enregistré, mixé et produit les dix titres de ce disque tout seul. Il est vrai qu’il n’est pas un débutant en la matière. Après avoir commencé au tout début des années 80 en tant que bassiste/chanteur du groupe Lodgic, il se met rapidement à la guitare et aux claviers et s’y révèle suffisamment expert pour prendre temporairement la relève de Rick Wakeman (rien de moins !) au sein de Yes sur l’album "Open Your Eyes", donnant la réplique à la guitare à Steve Howe et assurant les harmonies vocales derrière Jon Anderson. Quant à ses talents d’ingénieur du son et de producteur, il les exerce dès le premier album de Lodgic et n’a cessé de les peaufiner depuis autant sur les disques de ses différents groupes ou de ses productions solos qu’au profit d’artistes divers dont Yes et Motörhead.
Musicalement, "Divided By One" s’avère assez inégal aussi bien en style qu’en qualité. L’album débute par deux titres très ancrés dans les 80’s avec des sonorités synthétiques, des claviers aigrelets et des voix vocodorisées (malheureusement omniprésentes sur le disque), le tout ayant un côté paillettes et poudre aux yeux. Mais ‘On Impact’ bénéficie de développements complexes, de superpositions savantes de couches sonores donnant incontestablement un air yessien à l’ensemble alors que ‘The Scene Comes Alive’ est une banale chanson assez insipide. Ce côté yessien se retrouve encore dans les chœurs solaires, la basse rebondie et les claviers sautillants de ‘Divided By One’, un titre qui manque toutefois de charisme, dans les deux premières minutes de ‘Sequence Of Events’, la mélodie chantée ressemblant à s’y méprendre à celle du refrain d’’Owner Of A Lonely Heart’ et, dans une moindre mesure, dans les descentes de notes de guitare bondissant en échos sur ‘End Of An Era’, rappelant la technique de Steve Howe. Ce titre clôt d’ailleurs l’album comme ‘On Impact’ l’avait commencé, avec des thèmes changeants d’une complexité mélodique certaine mais manquant un peu de cohérence.
Pas d’influences yessiennes sensibles sur les autres titres. ‘No Stone Unturned’ tiendrait plutôt d’Asia avec son rock FM au refrain entêtant. ‘Between Us’ et ‘Here For You’ sont deux agréables ballades, la première quelque peu desservie par l’utilisation de claviers datés alors que la seconde est sublimée par la superposition d’innombrables sonorités de guitares tant acoustiques qu’électriques. L’album bascule d’ailleurs autour d’une charnière invisible se situant aux alentours de la deuxième minute de ‘Sequence Of Events’, les claviers sautillants et parfois agaçants des premiers titres cédant le pas à des guitares autrement plus consistantes sur la seconde moitié de l’album. Le final de ‘Sequence Of Events’ est un long solo digne de Gilmour alors que les teintes orientalisantes et l’utilisation d’un sitar (ou un instrument s’en approchant) sur ‘Sphere Of Influence’ font plutôt penser à la période psychédélique des Beatles. Psychédélisme qu’on retrouve aussi dans le mou et moins bien inspiré ‘Constellation Codex’.
Il serait bien surprenant que vous ne trouviez pas au moins un titre plaisant dans l’éclectisme de ce "Divided By One". Entre air de fin des 60’s, légèreté des 80’s ou rock FM plus contemporain, claviers trépidants et grinçants ou guitares inspirées, prétentions progressives ou simples ballades, difficile de ne pas trouver son bonheur, même si ces grands écarts font qu’on aime certains titres et que d’autres deviennent rapidement irritants.