Une ambiance cotonneuse s’installe, des arpèges de guitares cristallines et voluptueuses commencent à vous enserrer, la batterie imprime un rythme lent et pesant, l’impression que le temps s’étire le long de cette belle introduction qu’est « Bellflowers ». Le morceau a-t-il duré 2 minutes ? 5 ou 10 peut-être ?
Vous, qui entrez dans cet univers, abandonnez la notion de temps, celui-ci n’a plus court dans le paysage post-rock de Cecilia::Eyes. La formation belge jouera avec votre patience (à moins que ce ne soit avec vos nerfs) tout du long de son album. Mais déjà « Lord Howe Rise » installe un climat légèrement plus rythmé avec ses guitares pleines de reverb qui ont fait la renommée de groupes comme Mogwai et Sigur Ros. Quand la torpeur commence à gagner, le groupe a la bonne idée d’accélérer le tempo sans tomber toutefois dans le piège du noise.
Si les travaux ambient de Steven Wilson (Bass Communion) sont pour vous une référence, il se pourrait bien que « Swallow the key » vous interpelle ; pas de mélodie mais des variations sonores développées par les guitares et la basse sur fond de tapis de percussions. Ensuite, c’est un post-rock plus « classique » qui reprend son cours tranquillement et invariablement jusqu’à la fin de l’album.
Certes, le groupe, qui en est a son troisième album, ne révolutionne pas le genre mais il sait créer de beaux climax parfois inquiétants, parfois apaisés, le tout baigné dans une mélancolie instrumentale qui peut agacer autant que séduire en fonction de vos goûts et humeurs du moment. Si Cecilia ::Eyes se présente comme un élève appliqué du post-rock, il manque toutefois ce petit plus qui pourrait le différencier suffisamment de ses camarades de genre. Le groupe a-t-il cette ambition ? L’affaire est à suivre.