La faute à une carrière morcelée où les albums, hormis les deux premiers publiés la même année 1996, sont trop espacés dans le temps, Corruption n'a jamais vraiment rencontré le succès qu'il méritait "Devil's Share" pourra-t-il changer la donne ?
Cette septième rondelle possède certaines qualités pour cela. Elle se veut ainsi une brochette de titres bien burnés navigant entre le Hard Rock des Grands Anciens et le Stoner velu d'un Spiritual Beggars, période Spice, plus graisseuse donc que sophistiquée. Un morceau tel que 'Grime Whorehouse' illustre notamment cette proximité de bon goût.
Du goût, les Polonais en ont d'ailleurs, comme en témoigne le sympathique 'Born To Be Zakk Wylde' qui à mi-parcours se transforme en un étonnant medley où le 'Holy Diver' de Dio copule avec le 'Born To Be Wild' de Steppenwolf ! La pochette sexy, comme souvent avec Corruption, vient également confirmer cette qualité.
A l'aise dans tous les registres, qu'ils soient puissants (le heavy 'Inspire'), bluesy (le bien nommé 'Traveller Blues', forcément), sudiste ('Trespasstellers') ou plus psychédéliques bien que toujours pesants comme un panzer, à l'image du superbe 'Moment Of Truth' dont les quasi 9 minutes au jus ne s'essoufflent jamais, le groupe impressionne par son savoir-faire chevronné quand bien même il ne révolutionne en rien le genre, un genre dont il offre une lecture testiculeuse, sentant plus le plomb que l'herbe. Emaillé de riffs aussi nerveux que mélodiques, on sent que ces titres sont l'oeuvre de musiciens dont les racines s'enfoncent plus dans le metal pur et dur que dans le Rock. Pas sûr que l'amateur de pipe à eau y trouve son compte car point de caresses duveteuse ici mais de grosses baffes sentant bon la bière et le stupre.
"Devil's Share" n'apportera sans doute pas à ses géniteurs une audience plus étendue que celle qu'ils connaissent mais s'impose comme une bonne pioche pour l'amateur de Stoner burné