Il faut être honnête, "Yesterday's Shadows", premier album de Gaëlle Buswel, sorti en 2012, était complètement passé inaperçu auprès de notre rédaction. Voici une erreur dont nous pouvons nous mordre les doigts et qu'il nous faudra réparer au plus vite tant le nouvel opus de la belle parisienne vient de nous surprendre par sa qualité. Derrière un sourire à éclipser le soleil californien, Gaëlle Buswel est une compositrice de premier plan, mais également une chanteuse qui va en hypnotiser plus d'un avec sa voix aux accents soul à la fois puissante et gorgée de feeling. Son talent n'est d'ailleurs pas passé inaperçu pour tout le monde, Neal Black, Elliot Murphy et Patrick Rondat n'ayant pas hésité à participer à "Black To Blue", nouvelle offrande de la talentueuse française.
En 14 titres variés pour un ensemble restant cohérent, cet album devrait rapidement ouvrir les portes de la reconnaissance internationale à Gaëlle Buswel. Financé au travers du système Kiss Kiss Bank Bank et distribué par CD Baby, il est cependant la preuve qu'une fan-base lui est déjà fidèlement acquise et croit en un avenir qui devrait se révéler rapidement radieux. Œuvrant dans un style tout droit venu d'Amérique du Nord et mélangeant allègrement Folk, Blues, Country et Rock, "Black To Blue" nous fait voyager au travers de sentiments forts et véritables, guidés par une voix capable de varier les émotions pour toucher l'auditeur au plus profond de son âme. Tour à tour enthousiasmante ('Lya'), mélancolique et charmeuse ('Nobody Knows You'), délicate et émouvante ('Somehow'), ou sensuelle ('Lingering Shadow'), Gaëlle joue avec la sensibilité de ses auditeurs pour les garder dans un état situé entre l'abandon et la transe.
Il serait cependant injuste d'oublier ceux qui viennent épauler la maîtresse des lieux, et en particulier le guitariste Michaal Benjelloun, véritable alter-égo de la belle, capable de traduire sur ses cordes les émotions transmises par le chant ('Selfish Game'), tout en les complétant avec une technique mise au service de chaque titre ('The Joker', 'I Don't Need Nobody', 'Lingering Shadow'). Et s'il est difficile de retirer certains titres par rapport à un ensemble sans faille notable, nous citerons cependant la triplette magique constituant le cœur de l'album, avec 'Romance Trap' highway song au refrain hyper accrocheur, l'ambitieux 'Confession & Lies' variant les ambiances et concentrant en son sein une démonstration des qualités vocales de Gaëlle, et la balade semi-acoustique 'Somehow' dosant parfaitement les émotions pour un résultat délicat et troublant. Enfin, malgré son côté kermesse regroupant plusieurs chanteurs, la reprise de 'The Weight' de The Band renforce un peu plus le statut hors catégorie de la belle dont les interventions sont attendues avec impatience.
Si certains noteront une très légère pointe d'accent français (il faudra pour cela tendre l'oreille et avoir l'esprit chagrin), Gaëlle Buswel devrait cependant marquer les esprits avec "Black To Blue". Affirmant une identité forte et un talent très au-dessus de la moyenne, il enthousiasmera à coup sûr tous les amateurs de rock au sens très large du terme, mélangeant les influences et livré avec un parfait équilibre d'authenticité et de professionnalisme. Il est donc urgent de rendre l'hommage qu'elle mérite à l'ancien membre de Cam On. L'Amérique du Nord est déjà en train de la découvrir et il serait dommage que notre pauvre hexagone passe à côté d'une artiste aussi rare que talentueuse. Après tout, il ne tient qu'à nous de ne pas nous laisser imposer les artistes préfabriqués par les médias et les majors !