En 2006, Dominic Cifarelli semble ne plus adhérer au projet musical de Pulse Ultra, groupe de métal canadien dont il est le guitariste et fondateur. Il profite de ce flottement pour se consacrer à une écriture plus personnelle. Quelques semaines plus tard, il quitte Pulse Ultra pour monter The Chronicles Of Israfel, son projet solo en compagnie de son frère Vincent et de Joey Bastone. S'ensuivent plusieurs semaines d'écriture et une entrée en studio début 2007 pour l'enregistrement de 'Starborn Tome 1'.
Multi instrumentiste, Cifarelli assure l'ensemble de la création de l'album, composition et écriture. Largement influencé par ses lectures de mangas à caractère noir et parfois violents, il imagine un concept entre Science Fiction et introspection personnelle autour d'un personnage complexe, Israfel.
L'album s'ouvre sur un triptyque instrumental, 'Starborn' qui plante d'entrée le décor de ce "Tome I". La musique est très typée métal progressif des années 2000 ne manquant pas de rappeler les pointures du genre, et particulièrement Pain Of Salvation pour la construction en tiroirs et les nombreuses ruptures de rythmes et d'ambiances. A l'instar de ce trio introductif, tous les titres de l'album s'enchaînent parfaitement, renforçant l'idée que l'on écoute un concept album. Essentiellement construits autours de riffs ravageurs et de parties vocales entre puissance et harmonies subtiles, les titres s'enchaînent naturellement malgré les disparités rythmiques. Cifarelli nous promène sans cesse entre un métal prog léché et des ambiances plus intimistes à la Porcupine Tree, alors que les envolées mélodiques font souvent penser à Pendragon.
Si la production est assez loin des standards actuels, proposant un son de batterie un peu étriqué malgré la solide performance de Joey Bastone derrière les fûts, elle ne gâche pas l'ensemble et lui apporte même une certaine authenticité et un son d'une grande clarté caractéristique du début des années 2000. En plus de composer et d'écrire de manière magistrale, Dominic Cifarelli distille une performance exemplaire à la six cordes et montre qu'il n'a rien à envier aux plus grands dans ce domaine. Il se fend également d'une partition vocale exceptionnelle dans un registre qui rappelle celui de Mathieu Madani (Anasazi) lors des passages les plus intimistes de "Nation" ou "The Equinigma". Sur "Burning Day", le premier titre chanté de l'album, Cifarelli démontre d'entrée, dans un style très Townsendien, qu'il dispose d'un arsenal mélodique et vocal hors du commun. L'album promène l'auditeur entre ambiances futuristes sans trop d'artifices électroniques hormis des jeux de claviers subtils "New Mood Therapy For A Medicated Babylon" ou "Eugenics", et des titre plus rentre-dedans aux riffs Heavy dont les points d'orgues sont sans doute "Born Fighting", "Laudanum" ainsi que le riff hypnotique et le final cristallin de "Home To Oblivion".
Mis à part quelles défauts de production mineurs, 'Starborn, Tome I' est une totale réussite. La découverte de cet album, même plusieurs années après sa sortie sonne comme une révélation. Ciferelli déclarera plusieurs années après sa sortie que ce 'Starborn, Tome I' a été écrit un peu trop vite et, qu'avec du recul, il aurait fait autrement. Remercions donc son impatience qui nous permet de nous délecter d'un métal progressif inspiré et mélodique comme on en fait pratiquement plus aujourd'hui. A noter qu'après un EP en 2013, Dominic Cifarelli prépare la suite avec 'A trillion Lights' qui doit sortir à la rentrée 2014. Espérons qu'il sera à la hauteur de ce splendide Tome I.