Troisième effort physique pour Utopium après deux albums datant d’avant 2010. Autant le dire tout de suite, le post-rock du combo ne sort pas forcément des cadres du genre mais est-ce nécessaire lorsque c’est bien fait ?
Selon leur leader, ce disque a été imaginé comme la BO de la fin du monde. Les compositions chantées – au nombre de six - sont entrecoupées de passages instrumentaux (‘Now It Exists’, ‘Cloudy34’ et ‘Volumen’) qui pourront faire penser à des sas de transition permettant l’accès à des mondes différents.
Les titres sont majoritairement noirs et les larmes de la six-cordes illuminent les plages instrumentales quand la voix monocorde souvent traitée (‘Chase Them Out’) ou bourrée de réverb’ (‘Autumn In Bangkok’) jouent avec la basse syncopée très The Cure (la période "Disintegration") pour porter la lourdeur ambiante à son paroxysme. Petite incartade non représentative de l’ensemble : le single ‘Stardust’ construit sur une base couplet/refrain qui pourrait passer pour joyeuse si le ton grisâtre du clip n’était pas présent pour prouver le contraire !
Le groupe n'a pas oublié les ambiances shoegaze (‘Autumn In Bangkok’) qui, couplées aux nombreux rythmes mid-tempo, portées par des loops et martelées par la basse ne pourront que rallier les fans du genre appréciant les approches intelligentes de cette composante post-rock. Mention spéciale pour le titre final ‘In A Heartbeat’ court et très lent et d'une noirceur extrême. On y retrouve l’atmosphère de NoSound – la voix de Giancarlo Era - mais aussi l’idée d’un monde finalement pas si triste que cela.
Il serait donc dommage de ne pas jeter une oreille sur cet album éponyme d’Utopium dont l'univers permet de sortir du train-train quotidien. Un bel album de post-rock français, sobre, noir, court sur la longueur (moins de quarante minutes) sans réelle surprise mais très bien produit et doté d’une réelle sincérité.