Avec "Unfinished Business", sorti 3 ans auparavant, Shy avait parfaitement réussi son retour, tout en imposant une nouvelle identité AOR. Si les noms de Journey et Dare revenaient régulièrement à l'esprit, il s'agissait plus de sources d'inspirations que de plagiat, et ceci malgré la proximité entre les voix de Tony Mills et de Steve Perry. Porté par son chanteur et par son leader et principal compositeur, le guitariste Steve Harris, le quintet britannique nous avait offert un album incontournable aux compositions finement ciselées. Voyant son line-up renforcé par l'apport d'un second guitariste, Ian Richardson, alors que Joe Basketts remplace Paddy McKenna aux claviers, le désormais sextet est de retour avec un nouvel opus intitulé "Sunset And Vine" en hommage à un célèbre carrefour de Los Angeles.
Entièrement composé par Steve Harris, "Sunset And Vine" reprend les affaires là où "Unfinished Business" les avait laissées. Nous y retrouvons cette ambiance aérienne apportée à la fois par des claviers et par le travail des chœurs dont les harmonies répondent souvent au chant sur les refrains. Les soli de Steve Harris sont toujours aussi lumineux. Ils prennent le temps de se développer et sont régulièrement relancés sur quelques fins de titres. Et si la plupart des titres semblent être basés sur un modèle commun, aucun sentiment de linéarité ne s'installe, laissant à chaque morceau la possibilité d'imposer sa propre identité. Shy est aussi bien capable de se faire mélancolique le temps de ballades dont l'émotion à fleur de peau se développe sur plus de 7 minutes ('Where Is The Love', 'I'll Be Home Tonight'), que de muscler son propos en se faisant catchy ('Soul Searching', 'First Love').
Au sein de ce nouveau recueil de pépites mélodiques, il est encore particulièrement difficile de ressortir quelques titres mais nous retiendrons cependant 'High Times' et 'Slowly', respectivement chargés d'ouvrir et de clôturer cet opus sur des bases identiques, délicat équilibre entre dynamisme et élévation hypnotique, dotés de refrain obsédants. De leur côté, 'You Could Be Dreaming', 'Don't Jump The Gun' et 'Walk Through Fire' représentent une face plus accrocheuse tout en restant mélodique, et leurs refrains continuent également à vous trotter dans la tête pendant de nombreuses heures. Enfin, si 'Open Your Heart' se fait plus sombre, il n'est pas sans rappeler le 'Separate Ways' de Journey, que cela soit sur son riff ou sur son solo.
Sans apporter beaucoup d'évolutions à son prédécesseur, "Sunset And Vine" n'en est pas moins une superbe confirmation de la nouvelle identité de Shy et de ses qualités d'orfèvre en matière d'AOR délicatement travaillé. Tout comme "Unfinished Business", il réussit la gageure de se faire accrocheur dès le premier contact, tout en laissant découvrir tous ces trésors au fur et à mesure des écoutes. Facile d'accès sans être simpliste, voici un nouveau trésor à posséder à tout prix par tous les amateurs du genre.