Vous l'aimez comment, le rock ? Instrumental et noyé sous des effluves psyché ? Avec de (très) longues compos dedans ? Sentant bon la fumette, le poil hirsute ? Si tel est le cas alors The Cosmic Dead vous est clairement destiné. Mais si tel est effectivement le cas, il est probable que ce groupe ne vous soit pas inconnu et "Easterfaust" doit déjà tourner en boucle depuis un bon moment sur votre platine.
De fait, cette chronique pourrait s'arrêter là. Mais non, car nous avons envie de parler de ces Anglais un peu fous qui depuis seulement trois ans, nous inondent les cages à miel avec leur rock stratosphérique démesurément cosmique. Avec Electric Moon ou Carlton Melton, ils sont ce qui est arrivé de mieux à cette scène psyché en pleine effervescence, groupes avec lesquels ils partagent un même stakhanovisme fiévreux toujours conjugué au presque parfait.
Presque, car reconnaissons que "Easterfaust" se révèle être un cran en-dessous de ses prédécesseurs, "The Exalted King" et "Inner Sanctum" en tête. Ce qui ne le rend pas moins jubilatoire, bien au contraire. Pour commencer, d'où provient cette (relative) réserve ? peut-être de ce chant trafiqué, noyé sous la réverb', qui anime la première partie de l'écoute. Car, quand bien même, lointaines et nébuleuses, ces pistes vocales participent de ce trip halluciné, on préfère les Anglais dans ce registre instrumental qui leur sied si bien. Encore que parler ici de chant semble impropre, maladroit tant cet organe est plus utilisé comme un instrument, loin du vecteur narratif habituel.
L'album se divise donc en deux pans d'une vingtaine de minute chacun. Le premier épouse la trame d'une lente montée en puissance, élévation duveteuse vers un cosmos mystérieux tout d'abord pilotée par cette voix qui résonne comme un écho échappé d'un trou noir et par des guitares elles aussi avalées par des effets cosmiques, cependant que la rythmique reste discrète. Puis, presque brutalement, le décollage survient, propulsé par des lignes de basse énormes. Jusque là endormi, le batteur se réveille et The Cosmic Dead commence à déployer ses ailes. "Easterfaust" devient alors vraiment gigantesque, nous entraînant dans un démentiel tourbillon psyché.
Entièrement instrumentale, la seconde partie illustre quant à elle cette manière très personnelle qu'ont ces Anglais d'empoisonner le genre avec ces riffs comme trempés dans la rouille et ces ambiances déglinguées qui tournoient durant d'interminables instants au bord de la rupture. Happening sonore taillé pour le live, ce deuxième segment s'envole très très haut vers des sphères célestes, véritable rampe de lancement vers l'inconnu. On sent cette sève monter peu à peu jusqu'à l'éruption finale.
Ce faisant, "Easterfaust" confirme l'écrasante suprématie de The Cosmic Dead qui renvoie la plupart des autres groupes de Rock pysché à leurs chères études. Vous l'aurez donc compris, on tient là un des mètre-étalon du genre qu'on ne saurait trop vous conseiller d'écouter... Ce qui est certainement déjà fait.